Un traître devient porteur d’une grande promesse
Méditation sur Jacob
Le texte biblique se trouve dans Genèse 28, 10-22
« Jacob quitta Berchéba pour se rendre à Haran….. »
Bienvenue chers lecteurs, chères lectrices de cette méditation.
Tout au début, pour nous mettre devant Dieu, je vous propose d’écouter ou de chanter « me voici, Seigneur, Sauveur » dans Alléluia, au numéro 21/03
Quand –après une journée ensoleillée – le soir tombe et la lumière du crépuscule fait changer le paysage, quand le bruit disparaît peu à peu et l’air devient plus frais, en ce moment les premières étoiles commencent à briller et il y en a de plus en plus qui apparaissent au ciel. Un monde différent se révèle, un monde qui est caché pendant la journée lumineuse. Pendant la journée nous nous en apercevons plutôt du devant du monde, alors que le fond se dévoile dans la nuit. Cela est aussi la raison pour laquelle les rêves nous impressionnent. C’est comme si leur origine se trouvait ailleurs que dans la conscience du jour.
Tableau Vincent van Gogh : la nuit étoilée
Il peut nous arriver que nous nous posons une question sans en trouver la réponse. Nous en réfléchissons beaucoup mais cela ne mène à rien. Et parfois le lendemain, après avoir dormi, la solution se présente.
Jacob, fuyant son frère Esaü, après s’être approprié la bénédiction promise à ce dernier, s’installe pour la nuit dans un lieu désert, la tête sur une pierre. Et là il fait un rêve : une échelle est dressée de la terre jusqu’au ciel et des anges y montent et y descendent et au sommet se trouve Dieu. Le fond du monde et de l’existence se dévoilent.
Notre texte parle de l’expérience bouleversante d’un homme qui est touché par la réalité de Dieu.
Tableau Marc Chagall : Jacob’s dream
Aujourd’hui on utiliserait le mot conversion et nous savons que cette expérience suscite un changement radical dans la vie de Jacob : Je suis le Seigneur, le Dieu de ton grand-père Abraham et le Dieu d’Isaac. La terre où tu est couché, je la donnerai à toi et à tes descendants et ils seront aussi nombreux que les grains de poussière du sol.
Ainsi la promesse merveilleuse au fugitif dormant. Un traître devient l’ancêtre de beaucoup de générations, le porteur d’une grande promesse.
On pourrait dire : Jacob devient celui qu’il a été depuis toujours, mais qui était caché jusqu’à présent : fils de Dieu.
C’est ainsi que la Bible parle de la foi : elle parle d’un changement, d’une conversion de l’être humain tout entier : De son âme et de son esprit.
Mais notre histoire parle encore d’une autre chose : de l’arrière fond du monde et de l’existence. Elle parle du sens de la vie. Si je vous posais la question : quel est le sens de la vie, chacun me donnerait une autre réponse. Cela dépend de la situation familiale et professionnelle, de l’âge, de la tradition, des convictions. Quelqu’un trouve que le sens de la vie consiste dans un bel âge ou à avoir des enfants. Quelqu’un d’autre trouve que le sens de la vie signifie à exercer une profession qui lui plaît et finalement le sens de la vie peut se trouver dans le fait d’avoir une bonne santé. Toutes ses réponses et encore beaucoup plus sont possibles.
Et tout de même il y a une réponse qui est valable pour tout le monde, et c’est celle-ci : le sens de la vie consiste à être témoin de la réalité de Dieu dans ce monde. Une paroissienne me disait une fois : Nous, les êtres humains, sommes les mots, avec lesquels Dieu raconte son histoire.
Écoutons maintenant cette belle chanson de la chanteuse irlandaise ENYA pour nous recueillir après avoir entendu cette bonne nouvelle :
Jacob, après son rêve, devient un témoin de Dieu. Et celui qui a témoigné le plus radicalement de Dieu était Jésus. Avec lui la réalité de Dieu se manifesta une fois pour toutes, d’une façon irréversible. L’échelle entre le ciel et la terre est dressée, le ciel reste ouvert, ouvert pour nous. En tant que chrétien et chrétienne nous confessons ce ciel ouvert. Nous croyons en un Dieu qui est créateur de toute vie, qui est la force de la vie, qui a vaincu la mort. Dans la foi chrétienne c’est la croix qui représente la transformation de la mort en la vie. Le crucifié est en même temps le ressuscité et ainsi se transforment les ténèbres en lumière.
Chant de Taizé : in resurectione tua, Christe, coeli et terra laetentur (le ciel et la terre se réjouissent de la résurrection du Christ)
Et avec cette réflexion nous en revenons à Jacob, à son rêve, et aux anges qui descendent du ciel pour y monter de nouveau. Montée est descente-aussi en tant que croyants nous n’en sommes pas épargnés. La souffrance fait partie de la vie humaine.
En même temps : La résurrection de Jésus est la manifestation définitive de ce qui était toujours valable : de la présence de Dieu auprès de nous. Il n’y aura pas de lieu où Dieu ne pourrait pas être proche de nous. Nous sommes une sorte d’instruments sur lequel Dieu joue sa mélodie. Dieu nous appelle et nous répondons en acceptant le bien et le mal de notre vie, nous répondons en prenant soins de nos amitiés et en nous engageant là où nous nous trouvons. Là se manifeste Dieu comme il y a plus de 2020 ans.
Il n’y aura pas de lieu où Dieu ne pourrait pas être proche de nous.
Dans une situation de faiblesse une force inattendue peut nous toucher, dans une situation de détresse une lumière inattendue peut apparaître et dans une situation d’une immense tristesse un brin d’espoir peut nous toucher.
Cela sont des expériences de résurrections, des signes du fait que Dieu plus jamais ne nous abandonne Amen
Que Dieu vous bénisse !
Elisabeth Müller Renner, Pasteure