Méditation du Samedi Saint 11 avril


Pour ce Samedi Saint, je vous propose une méditation de Vincent Lafargue, prêtre valaisan, parue sur Évangile à l’Écran, un site œcuménique, et que je trouve particulièrement inspirant et inspiré.

« Et, le premier jour de la semaine, de grand matin, elles vinrent à la tombe en portant les aromates qu’elles avaient préparés. Elles trouvèrent la pierre roulée de devant le tombeau. Étant entrées, elles ne trouvèrent pas le corps du Seigneur Jésus.»  (Luc 24,1-3 TOB)

Les femmes découvrent que la pierre a été roulée, et que le tombeau est vide. En ce samedi saint, nous aussi chrétiens nous nous confrontons au vide, à l’absence, au manque. Avant d’arriver à Pâques, les femmes, les disciples et nous aussi aujourd’hui, nous devons passer par le tombeau vide. La terrible déchirure de Vendredi Saint a fait place au vide.

Vertige du néant, peur du vide, angoisse devant le manque. Que va-t-il advenir?

Malgré nos peurs, nous ne pouvons pas faire l’économie de l’expérience du vide et du manque. Car le vide, le manque, c’est en quelque sorte l’essentielle case vide dans le jeu de nos existences, comme dans ce jeu carré où l’on doit déplacer les pièces pour les remettre dans l’ordre. Sans le vide, sans la pièce qui manque, impossible de bouger, impossible de changer, impossible de re-susciter la vie, impossible de ressusciter. Nous avons donc besoin du vide, du manque, pour, d’une part, évoluer, grandir parfois, et d’autre part, pour y découvrir les bénédictions que Dieu nous donne.

En ce jour « blanc », de vide, de manque, (en ce temps de confinement), nous nous proposons donc de méditer les manques et les vides personnels, relationnels, communautaires, ecclésiaux, etc. dans notre vie. Réservons une plage de notre journée pour y vivre un temps vide, et voyons ce que Dieu nous y donne. Ou pas. Réapprenons que dans le « vide », il y a, en germe, la « vie ». Oser vivre le « d » avant de l’ôter, c’est la piste que nous nous proposons en ce samedi saint. Oser la confiance devant le vide, avec la foi que la Vie sera vainqueur de la Mort.

Chant du Chemin Neuf : « Grain de blé qui tombe en terre, si tu ne meurs pas, tu resteras solitaire, ne germera pas… Qui a Jésus s’abandonne, trouve la vraie vie, heureux l’homme qui se donne, il sera béni. »

Poème pour Samedi Saint

Écrit par Suzanne Schell, in Traces Vives, extraits de Méditatif auprès de la croix,  Labor et Fides, Genève 1997

Entrer dans le silence
S’y terrer comme le grain dans le sol
Demeurer muets,
Frappés au cœur de l’espérance
Être sec de prière
Être vide sans espace intérieur

Habiter samedi saint
Comme le temps du passage
Vivre ce jour-là
Comme le possible au cœur de l’impossible

Percevoir dans l’absurde
La promesse de Présence
Comme on voit mourir le bourgeon
Pour que s’ouvre la fleur

Habiter samedi saint
Dans la continuité des actes d’amour
Vivre l’absence
Vers l’élargissement d’un temps nouveau

Effleurer d’un murmure
Le Nom qui est au-dessus de tout nom
Et tendre les mains
Au poudroiement de lumière,
Dans l’ouverture à demain.

Chant du Chemin Neuf : Écoute, que tout en toi se taise, que tout en toi s’apaise et que parle ton Dieu… Écoute, Dieu t’invite au désert au silence du cœur, à la source sans fin ; écoute, Il se tient à la porte, il frappe et bienheureux celui qui ouvrira. Écoute, tu es aimé de Dieu, tu es choisi de Dieu, il veut pour toi la vie…

Karin Phildius, pasteure