Méditation du samedi 4 avril 2020

Chant Alléluia 53/09 : O Souffle, souffle de Dieu, nous t’accueillons, viens purifier nos cœurs !

Nous voici bientôt à la fin de la Sainte Quarantaine, ou pour le dire autrement du Carême.

Selon la tradition, les 40 jours du Carême, du mercredi des Cendres jusqu’au dimanche de Pâques, est un temps mis à part pour le jeûne, la prière, le partage, l’écoute de la Parole, ces quatre piliers qui constituent notre spiritualité.

Cette année cette période a coïncidé pour une bonne part au temps de confinement, qui se terminera… peut-être à Pâques ?

Pour ma part, j’y ai vu une invitation forte à vivre « à fond » les 4 piliers évoqués plus haut, en résistant à la tentation de vouloir m’agiter pour trouver à tout prix comment occuper mes journées, soudainement libérées des colloques, séances de toutes sortes, visites à domicile ou en EMS, préparation et célébrations de cultes, déplacements multiples, etc.

Comme le printemps pointait aussi son nez, j’en ai profité pour d’abord faire un grand nettoyage de mon appartement et de procéder à des rangements : ouf, je respire !

J’ai commencé par une semaine de jeûne et remplacé les repas par des temps de ballade. Maintenant je marche chaque jour une bonne heure sur les chemins du bas de mon village, désert de voitures et de promeneurs, profitant de l’air pur, du ciel azur et du silence, ponctué des chants d’oiseaux. Ouf, je respire !

Chaque soir, j’allume une bougie à la fenêtre en pensant aux personnes en fin de vie ou décédées du Covid-19 puis j’assiste à la prière de Taizé entre 20h30 et 21h, et je me relie ainsi à plus de 3000 personnes qui dans le monde entier s’associe à cet instant-communion. Ouf, je respire !

Chaque jour, je fais des téléphones à des aînés en EMS ou à domicile, un temps précieux de partage, de confidences, parfois de prière ensemble… Je ressens plus fortement ce lien qui nous unit tous dans notre commune humanité, faite de forces et de fragilités, de questionnements et de convictions, de doutes et d’espérance, de joies et de tristesses. Ouf, je respire !

ET il y a comme toujours des temps de colloque, grâce à la vidéo-conférence, des quantités de mails à lire et à répondre… Mais tout semble plus léger, car le temps gagné en restant à la maison, sans avoir à prendre sa voiture, pour faire ci, pour faire encore vite ça, sans avoir à discuter des heures tel ou tel projet, tout ce temps gagné permet enfin de respirer…

Et si c’était cela une des leçons de ce temps de confinement ? Apprendre à respirer, au lieu de s’agiter…  Apprendre à ralentir au lieu de faire des tas de choses, apprendre à être en lien et se parler au lieu de se réunir pour régler chaque question qui surgit… Apprendre à travailler autrement, à se parler autrement, à imaginer autrement…

Prendre le temps pour chaque jour laisser le Souffle nous inspirer et nous habiter, habiter nos manques, nos vides, nos sentiments d’impuissance, nos peurs et nos doutes, nos incertitudes et nos ennuis, nos projets, nos envies. Laisser le silence nous travailler de l’intérieur pour écouter ce qui surgit du plus profond, cette Présence d’Amour inconditionnel.                                                                                                                                                                 Karin Phildius, pasteure

PRIERE de Francine Carillo (in Traces Vives, Labor et Fides, 1997, Genève, p. 174s)

Dieu notre Père,

Aux jours de désert intérieur,

Lorsque les mots sonnent creux

Et que tout manque de relief,

Quand notre cœur nous accuse…

ENRACINE EN NOUS UN SOUFFLE NEUF

Aux jours de lassitude,

Où nous sommes épuisés par ce que nous vivons

Et plus encore par ce que nous ne vivons pas,

Quand notre cœur nous accuse…

ENRACINE EN NOUS UN SOUFFLE NEUF

Aux jours de solitude,

Lorsque le chemin vers les autres

Semble interminable ou barré,

Quand notre cœur nous accuse…

ENRACINE EN NOUS UN SOUFFLE NEUF

Aux jours de maladie,

Lorsque notre corps se dérobe

Et que nous nous demandons pourquoi

Quand notre cœur nous accuse…

ENRACINE EN NOUS UN SOUFFLE NEUF

Aux jours de désespérance,

Lorsque doutant de toi et de nous-mêmes

Nous retrouvons nos vieilles ornières,

Quand notre cœur nous accuse…

ENRACINE EN NOUS UN SOUFFLE NEUF

Dieu plus grand que notre cœur,

Emmène-nous sur les ailes de la tendresse !

Il est temps de respirer plus large,

Au rythme de ton Souffle !

Amen.

En lien avec ce thème, lire l’article d’une pasteure, Caroline Cousinié, de l’EPUFD, paru sur le site « Evangile et liberté »