Le 27 septembre prochain, la paroisse vivra sa fête annuelle appelée Paroisse en Fête, sous une forme quelque peu différente, par prudence, en raison du contexte actuel.
Cette fête commencera par un culte « interactif » sur le thème :
« Il y a plusieurs demeures dans la Maison de Dieu ». Les participants seront invités à visiter plusieurs espaces (à l’intérieur et à l’extérieur) et ils pourront découvrir à travers de petites animations différents aspects de notre « maison commune », de notre vivre ensemble.
Je vous invite à entrer déjà aujourd’hui dans la méditation de ce thème, sous un angle inhabituel.
Chant de Gianadda : Découvrir ton visage, habiter ta maison, te connaître, où demeures-tu ?
Le songe de Jacob : Genèse 28, 11-19
« Jacob quitta Beer-Sheva, et s’en alla vers Haran. Il arriva en ce lieu et y resta pour la nuit car le soleil s’était couché. Prenant une des pierres de l’endroit, il la mit sous sa tête et s’allongea pour dormir. Et il rêva qu’il y avait une échelle reposant sur la terre et dont l’autre extrémité atteignait le ciel ; et il aperçut les anges de Dieu qui la montaient et la descendaient ! Et il vit Dieu qui se trouvait en haut [ou à ses côtés] et qui lui disait : « Je suis Dieu, le Dieu d’Abraham et le Dieu d’Isaac ton père ; la terre sur laquelle tu reposes, je la donnerai à toi et à tes descendants ; et tes descendants seront comme la poussière de la terre, et ils s’établiront vers l’ouest et vers l’est, vers le nord et vers le sud ; et par toi et tes descendants, toutes les familles sur la terre seront bénies. Vois, je suis avec toi et te protégerai là où que tu ailles, et je te ramènerai à cette terre ; car je ne te laisserai pas tant que je n’aurai pas accompli tout ce dont je viens de te parler. » Jacob se réveilla alors de son sommeil et dit : « Sûrement Dieu est présent ici et je ne le sais pas. » et il était effrayé et dit : « Il n’y a rien que la maison de Dieu et ceci est la porte du ciel. »
Méditation « La demeure de Dieu est en chacun de nous »
Dans la Bible, les songes sont une invitation à voir plus loin, plus haut, à se laisser porter par une inspiration. Les songes s’imposent, nous n’en sommes pas les « réalisateurs ». Ils surviennent souvent dans des moments charnière, entre un passé difficile et un avenir qui semble plombé d’avance, pour ouvrir de nouvelles perspectives ou pour changer notre vision du monde, des autres, de Dieu.
Le songe de Jacob pourrait peut-être nous inspirer pour mieux vivre notre foi et notre espérance dans l’époque charnière que nous vivons.
Jacob est en très mauvaise posture ; après avoir échangé, contre un plat de lentilles, son droit d’aînesse avec son frère Ésaü, il usurpe, avec la complicité de sa mère, la bénédiction de son père, Isaac. Il ne s’agit pas d’un petit mensonge, mais d’une tromperie familiale majeure.
A force de trahisons, de mensonges et d’ambiguïtés, plus d’autre issue que la fuite…
Oui, il ne lui reste plus qu’à aller faire sa vie ailleurs, c’est pourquoi son père l’envoie chercher une femme hors du pays de Canaan.
Dans sa fuite, cette nuit-là, on ne peut pas être plus bas et plus dénué de tout que lui… ET on peut imaginer toutes les pensées noires qui traversent son esprit, la tête couchée sur une pierre….
Nuit de la désespérance, de la solitude, de la honte, du déshonneur, de la déroute.
C’est là que la porte du Ciel s’ouvre … Car il n’est pas de nuit trop dense que Dieu ne puisse y fendre une brèche, y glisser une lumière et tracer un passage vers l’Au-delà :
Voici donc une échelle dressée jusqu’au Ciel. Sur les échelons circule la vie : des anges y montent et y descendent en un incessant mouvement de va-et-vient…
L’échelle est plantée sur la terre, là où Jacob a posé sa tête : elle évoque une remontée de ses profondeurs, de l’intérieur de son être, comme l’écrit Thierry Lenoir dans son commentaire de ce passage :
Lorsque tous les chemins sont barrés au dehors, il ne reste plus d’autre issue que de cheminer à l’intérieur. C’est alors que l’homme en quête d’infinitude réalise que le Ciel commence en lui…
L’échelle de Jacob touche le ciel et Dieu se tient « à la tête » de l’échelle, une expression qui en hébreu veut aussi dire : à l’origine. Dieu n’est donc pas seulement le Très Haut-Lointain à l’autre bout de l’échelle, mais aussi le Très Bas-tout proche à la source même de sa quête, tout contre lui, en lui.
Pour le dire autrement : Tout homme, même totalement abattu comme l’est ici Jacob, n’est jamais si bas que Dieu ne puisse le rejoindre et être au-dessus de lui, juste au-dessus, tout contre lui, pour lui, avec lui.
Dieu parle et dit : « je suis avec toi, je te garderai partout où tu iras… Je ne t’abandonnerai pas ».
- « Je serai avec toi »quelle extraordinaire promesse de pardon, de liberté donnée d’aller, de se tromper, de tomber et d’être pardonné, relevé, gardé. Une promesse d’être peut-être blessé, mais soigné, guéri, ressuscité. C’est l’extraordinaire promesse de la patience de Dieu, promesse qu’en définitive au bout de notre route, il sera toujours là.
Tout frémissant de cette expérience intérieure, Jacob s’écrie :
Le Seigneur est en ce lieu et moi je ne le savais pas. Ce n’est rien d’autre que la maison de Dieu, la porte du Ciel !
Il prend acte, oui, que Dieu, l’Éternel, a été présent, qu’il est présent et qu’il sera présent, car le lieu sacré de sa Présence est en Lui…
Désormais ses yeux brillent de la nuit traversée…
Maintenant il peut continuer sa route, assumer son destin, prendre ses responsabilités, cesser de fuir. Il est vivant, plus vivant qu’avant, il est maintenant debout, il voit plus clair, il a une espérance qu’il n’avait pas, inconnue.
Même si par la suite, il sera encore sur le bord du gouffre, il sera confronté à de nouveaux défis, à de nouvelles responsabilités, à des peurs, Jacob sera encore et toujours relevé par cette seule promesse d’être accompagné par un amour fidèle…
Paroles de Frère Roger dans sa lettre inachevée
Pour être porteurs de communion (et de réconciliation), avancerons-nous, dans chacune de nos vies, sur le chemin de la confiance et d’une bonté du cœur toujours renouvelée ?
Sur ce chemin, il y aura parfois des échecs. Alors, rappelons-nous que la source de la paix et de la communion est en Dieu. Loin de nous décourager, nous appellerons son Esprit Saint sur nos fragilités.
Et, tout au long de l’existence, l’Esprit Saint nous donnera de reprendre la route et d’aller, de commencement en commencement, vers un avenir de paix.
(Fr. Roger, lettre inachevé, 2006, Source : Taize.fr)
Hymne (liturgie des heures)
Un jour nouveau commence, un jour reçu de toi Père, nous l’avons remis ensemble en tes mains tel qu’il sera. Emerveillés ensemble, émerveillés de toi Père, nous n’avons pour seule offrande que l’accueil de ton amour.
Envoi et bénédiction
Aujourd’hui est nouveau jour, ose risquer avec Dieu de nouveaux commencements, pour goûter la joie de vivre, la joie de célébrer ensemble, la joie d’aimer et d’être aimé !
Que le Seigneur renouvelle ta foi et ton espérance et bénisse ta journée ! Amen.
Karin Phildius, pasteure