Méditation, 6 avril 2022

Bonjour et bienvenue cordiale à vous qui nous rejoignez pour ce temps de méditation.

Pour commencer…
Hallelujah interprété par 2CELLOS

 Notre montée vers Pâques touche bientôt à son accomplissement. Dimanche prochain, nous entrerons dans la Semaine Sainte.
Depuis de nombreuses années, j’ai inscrit une parole d’E. Drewermann sur un panneau dans mon bureau… pour la garder bien en vue.

La résurrection s’accomplit longtemps avant la mort !

Quel plaisir, quelle joie, quelle émotion, lorsqu’au fil des jours, des événements, des rencontres, des activités, il m’est donné de re-découvrir combien c’est vrai.
Une occasion récente m’a été offerte en visionnant le documentaire Robin des voix de Frédéric Gonseth et Catherine Azad, consacré au parcours de Robin de Haas. Né avec une fente palatine, Robin ne pouvait pas se faire comprendre par la voix. Le voici aujourd’hui ténor professionnel et formateur. Une résurrection ! (Cf. l’article du journal «Réformés» de mars 2022, en pages 8 et 9.)

Cette histoire de vie m’a fait penser à ce passage du livre du prophète Esaïe, au chapitre 35.
Qu’ils se réjouissent, le désert et la terre aride, que la steppe exulte et fleurisse, qu’elle se couvre de fleurs des champs, qu’elle saute et danse et crie de joie ! (…)
Rendez fortes les mains fatiguées, rendez fermes les genoux chancelants. Dites à ceux qui s’affolent : Soyez forts, ne craignez pas. Voici votre Dieu (…). Il vient lui-même vous sauver. Alors, les yeux des aveugles verront et les oreilles des sourds s’ouvriront. Alors, le boiteux bondira comme un cerf et la bouche du muet criera de joie. Des eaux jailliront dans le désert, des torrents dans la steppe. (…) Allégresse et joie viendront à leur rencontre, tristesse et plainte s’enfuiront.

Je ne pourrai plus entendre ou lire ces mots «la bouche du muet criera de joie» sans y associer la vie et la personne de Robin de Haas !
Je vous propose de méditer ce passage grâce à la réflexion de la théologienne Francine Carrillo (extrait de Une parole au vif de l’humain, Ed. Ouverture).
Esaïe est un inspiré, c’est d’ailleurs le vrai sens du mot «prophète» en hébreu qui vient d’une racine qui veut dire «se réveiller du sommeil» ; les prophètes sont des éveillés, ils ont les yeux ouverts quand les autres somnolent ; ils ne prédisent pas l’avenir, mais ils voient le présent avec les yeux de l’Esprit, ils savent que la vie travaille en profondeur quand les autres pensent qu’elle s’est arrêtée.(…)
Quand Esaïe chante un monde où la terre aride exulte et le désert se couvre de fleurs, où les aveugles voient, les sourds entendent, les muets parlent, les boiteux marchent, ne fait-il que promettre un au-delà plus souriant à ceux dont le présent est trop pesant ? Cherche-t-il seulement à nous dire que ce qu’on n’a pas ici, on peut l’espérer pour après ? Ce serait bien maltraiter cette parole incandescente que d’en faire une telle lecture !
Ce que nous donne à entendre cette voix prophétique est autrement plus précieux. Elle nous apprend qu’aucune larme ne doit se perdre, qu’aucune mort ne peut se passer de résurrection, car notre finitude est habitée par un amour infini.
Tout désert est promis au verdoiement, toute blessure aura sa guérison, tout exil trouvera son retour, car Dieu vient comme il est venu hier, comme il viendra demain. Il vient nouer son éternité à notre fragilité et ce qui semble perdu est déjà racheté. (…)
Au profond du malheur ou plus simplement des questions ou des doutes qui nous traversent, il arrive que nous soyons touchés par une sorte d’apaisement, par le souffle d’une joie douce et forte dont nous sentons bien qu’elle a sa racine ailleurs que dans le contentement que peut nous apporter le monde. Il arrive que nous recevions la visite aussi fugitive qu’inoubliable d’un Amour que l’amour des autres ne peut que nous faire pressentir. Cette joie nous laisse entrevoir la proximité d’une Présence qui est la véritable réponse que notre désir espère.
Esaïe chante pour nous le chemin d’un retour vers la terre de la promesse. Or la terre promise n’est autre que notre propre terre quand elle devient terre de la rencontre, une terre visitée, une terre habitée où nous pouvons nous réhabiter nous-mêmes sous le regard de Dieu. La joie est à chercher en ce lieu intérieur où l’infini touche le fini. Elle annonce le triomphe de la vie sur la mort…

Prière

Toi le Ressuscitant, tu ôtes les clous qui me fixent à une vie ancienne et moribonde
tu m’envoies vers plus loin, tu repousses l’horizon du monde
Tu es le vent puissant de mon intranquillité
tu es l’épice et le piment, la voie que rien ne trace jamais
Toi le Ressuscitant, tu es le germe qui perce la graine morte
tu es le frère de mes errements et soudain le grincement de porte
qui prélude au pas familier de ta Présence
A ton approche tout est vibrant, même le silence

Toi le Ressuscitant, inlassable veilleur
qui force ma nuit de ta lumière
tu es le réveil qui s’oppose à toutes mes somnolences
tu es le levain de mon pain,
la fissure dans mon coeur de pierre
tu es celui qui vient et qui m’empoigne pour la Danse.
(prière de M. Muller-Colard)

Encore une musique pour continuer de porter notre monde dans la prière…
Bénédictus de Karl Jenkins interprété par 2CELLOS

Bonne journée et une montée vers Pâques, bénie !

Francine Cuche Fuchs