« Je le crois, je verrai la bonté de Dieu sur la terre des vivants. Prends cœur et espère en Dieu. » Ps 27, 13
Bienvenue à vous, lecteurs et lectrices de cette méditation.
Je vous propose aujourd’hui l’étude de la parabole des ouvriers dans la vigne qui se trouve au chapitre 20 dans l’évangile selon Matthieu.
Avant de commencer, je vous invite à chanter ou à écouter le cantique 21/03 dans notre recueil Alléluia afin de nous présenter devant Dieu :
Me voici, Seigneur, Sauveur
Je me rappelle bien : lors d’une visite à domicile, une dame me parlait de sa parabole préférée : celle de la brebis perdue et – retrouvée.
Mais la parabole des ouvriers dans la vigne, je l’aime beaucoup moins, disait-elle.
Moi aussi, je l’aime moins, cette histoire.
Comme dans toutes les paraboles que Jésus avait racontées il y a 2 côtés : Le côté image et le côté message. Les images utilisées pour décrire le royaume de Dieu sont tirées du quotidien des gens de l’époque. Souvent il s’agit des images de l’agriculture : de la semence, du blé, du pain, des plantes, des animaux domestiques. Ou bien, comme dans notre texte, de la vigne.
Le royaume de Dieu ressemble à l’histoire suivante : un propriétaire sortit tôt le matin afin d’engager des ouvriers pour sa vigne. Il répète cela encore trois fois, la dernière fois à 5 heures du soir. Tous les ouvriers reçoivent- nous le savons- le même salaire. Le côté image nous parle, nous pouvons nous imaginer très bien, ce qui se passe lors de la remise du salaire.
Mais maintenant le côté message. Et c’est ici que commencent nos difficultés ou notre perplexité face à cette parabole-ci. Il nous semble complètement injuste, illogique, déloyal, la manière dont le propriétaire agit. Dans beaucoup de commentaires théologiques il nous est proposé de comprendre cette injustice à l’aide d’une allégorie :
Dieu serait donc celui qui possède tout le pouvoir, celui qui donne ou qui enlève. Notre histoire serait une révélation du Dieu tout puissant dont on ignore parfois la logique. Dieu serait dans cette compréhension allégorique celui qui nous soumet à des destins parfois incompréhensible.
Que pensez-vous de cette interprétation de la parabole ? Je vous invite à réfléchir en écoutant cette mélodie :
Je crois cependant que la dureté, l’incompréhension de la parabole se situe ailleurs : Le royaume de Dieu, -Jésus l’a répété- est parmi nous. Comment s’en apercevoir ? Dans notre texte tout le monde s’attend à une récompense, un salaire adéquat et normal, on s’attend à une suite normale et habituée. Cela n’est pas faux, mais le royaume de Dieu se manifeste ici justement pas dans la logique des choses. La manifestation de la présence de Dieu est tellement bouleversante que tout ce que nous croyions n’est plus valable. Nos règles de justice, de la normalité sont bouleversées. Ce qui compte n’est plus calculable. Le royaume de Dieu ouvre une dimension de penser qui s’oriente à l’ouverture totale envers le monde.
Le fait d’être bouleversé, d’être touché par la logique de Dieu qui ne fait aucune différence nous fait prendre part à son royaume. Le fait de se faire toucher par une autre logique nous rapproche d’une compréhension divine : selon cette logique chaque être vivant est accepté comme il est et ce qui compte ne sont pas les résultats, les succès, les chiffres, mais le fait que chaque être humain est unique, car créé par Dieu.
Le cantique 41/17 nous parle de cette création :
Jésus a souvent dit aux gens : écoutez, ouvrez les yeux, regardez et vous allez comprendre.
On peut entendre sans écouter et voir sans regarder. Le Royaume de Dieu n’est pas quelque chose de visible, comme une maison par exemple qui saute aux yeux.
Mais on peut s’en apercevoir dans les moments aussi furtifs qu’ils soient où nous trouvons un peu de calme, où notre cœur se tait, où nous retrouvons un peu de confiance, une clarification peut-être de quelque chose qui nous a occupé pendant longtemps. Nous pouvons voir le royaume dans le moment où quelqu’un s’ouvre à nous, une entente se produit, une nouvelle période s’annonce. Le royaume de Dieu est visible là où nous commençons à comprendre.
Chaque ouvrier reçoit le même salaire. Pas logique mais divin : quoi que nous fassions nous sommes les fils et filles, les enfants de Dieu. Cela signifie aussi que les gens qui vivent avec nous, proche ou moins proche le sont : aussi ce voisin qui travaille beaucoup moins que moi et qui possède quand-même une villa est un fils de Dieu, pour donner un exemple.
Une telle perception du monde n’est pas facile. Jésus exige beaucoup de nous en nous racontant cette histoire.
Je crois en effet que la foi n’est pas quelque chose de facile, on n’a jamais un diplôme dans les mains. La foi est plutôt un chemin sur lequel nous avançons et nous reculons, nous recevons et nous donnons, nous comprenons et nous doutons, nous voyons et nous regardons, nous entendons et nous écoutons. Rien n’est jamais perdu sous les yeux de Dieu. Amen
TABELAU DE VINCENT VAN GOGH : LA VIGNE ROUGE
« L’âme qui brûle d’amour, ne fatigue, ni se fatigue » S. Jean de la Croix
Que Dieu vous bénisse ! Elisabeth Müller Renner, pasteure