Méditation, 13 avril 2022

Bonjour et bienvenu à vous toutes et tous fidèles lectrices et lecteurs des méditations qui paraissent chaque mercredi sur ce site. Nous y sommes, la voilà, la semaine la plus décisive pour saisir les fondements de la foi Chrétienne. La Semaine Sainte. Par la prière, par la musique, par la méditation essayons de cheminer sur le chemin si particulier que fut celui de Jésus durant cette semaine. Tout commence par un triomphe lorsque Jésus entre dans Jérusalem en étant acclamé par la foule tel un roi. La suite est une autre affaire……

Extraits du Messie de Georg Fridrich Haendel « Le Divin Sauveur »

Prière pour un jour de ténèbres (vendredi saint)

Seigneur, à Toi je peux bien le dire:
il y a des jours où le brouillard me submerge,
des jours hermétiques, sans avenir,
des jours où tu disparais
et derrière le brouillard
je ne vois que le brouillard
encore à l’infini, pour l’éternité…

Ces jours-là Seigneur,
j’en ai un peu honte après coup,
honte d’avoir cru que Tu désertais,
que mon sort T’était indifférent,
que Tu ne me voyais même pas,
derrière mon rideau de brouillard…

Mais je crois, oui je crois
que Tu étais au rendez-vous sur la colline,
présence invisible dans le brouillard de ce Vendredi-là

Alors me revient le souvenir du cri
le grand cri de Jésus déchirant la nuit
et quelque chose monte en moi
que je voudrais aussi crier

O Seigneur, accueille mon cri aujourd’hui,
ce cri que j’ai si longtemps étouffé
parce qu’il ne fallait pas,
parce que je ne voulais rien montrer
parce que personne n’entendait

Accueille ce cri que je ne contrôle plus
Qu’il déchire enfin ma nuit
et parvienne jusqu’à Toi
Car je crois, oui je crois
que Tu étais au rendez-vous sur la colline,
présence invisible
dans le brouillard ce Vendredi-là

Alors me revient le souvenir des ténèbres,
les ténèbres épaisses sur toute la terre,
et je m’y sens englouti avec le Christ…
des ténèbres à n’en plus finir….

Mais non, “de la sixième à la neuvième heure”
O Seigneur donne-moi de croire
ce que racontent les évangélistes
…que les ténèbres sont épaisses sur toute la terre
mais qu’elles ne sont pas éternelles,
qu’elles durent jusqu’à la neuvième heure
et pas au-delà…

Je crois, oui je veux croire
que Tu étais au rendez-vous sur la colline,
présence invisible
dans le brouillard de ce Vendredi-là

Alors Seigneur,
moi aussi je remets mon esprit entre Tes mains.

Lytta Basset

Méditation Jean 20.1 à 9.

Le mécanisme décidément n’a de cesse de se répéter ! Kirill, le patriarche Orthodoxe de Moscou et de toute la Russie en a apporté la preuve une nouvelle fois. Pour lui la guerre menée par Poutine contre l’Ukraine est une guerre « sainte et juste ». Lors d’un sermon enflammé pro régime, il a encouragé l’armée russe à lutter contre « les forces du mal ukrainiennes » ! Ainsi pour une énième fois, la foi chrétienne est utilisée pour légitimer une violence meurtrière ignoble. Le dictateur Russe et ses sbires n’avaient pas besoin de plus pour justifier l’agression contre l’Ukraine. Après six semaines, des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité perpétrés par l’armée russe contre des civils ukrainiens, sont révélés et attestés !! Ou s’arrêtera cette guerre voulue par Poutine, alors que déjà toutes les lignes rouges sont franchies ? Nul ne le sait. Le pire du pire est à craindre.

Lors de sa Passion, le Christ Jésus n’a pas du tout laissé une image de Dieu telle que Kirill veut l’imposer. Pour moi, la Passion de Jésus révèle une tout autre identité de Dieu. Sa mise au tombeau après le supplice de la croix et sa victoire sur la mort au matin de Pâques le montrent clairement. Ces trois jours ont montré que Jésus a refusé d’endosser l’habit d’un chef et surtout pas d’un chef de guerre comme le souhaitaient la foule et les disciples. Son tombeau « plein », c’est le lieu du désespoir. Son tombeau « vide », c’est le lieu d’une découverte décisive qui fait comprendre la mort de Jésus pour ce qu’elle est : le dévoilement du véritable visage de Dieu. Notre Dieu est prêt à mourir pour nous, plutôt que de nous écraser de sa puissance, de son poids, de ses reproches, de ses volontés.

Le Christ par le tombeau vide au matin de Pâques s’efface pour nous ouvrir un champ de liberté. Il est là, mais en retrait, pour nous accompagner là où nul ne peut aller : au fond de nos tombeaux. Il ne règne pas en maître omnipotent, mais en serviteur discret et fidèle. Vouloir faire de Jésus un héros qui légitime la guerre des Russes de Poutine (et toutes les autres guerres) contre le peuple souverain d’Ukraine, revient à instrumentaliser le Christ et à faire de lui le contraire de ce qu’il est venu incarner ! Bien plus encore c’est faire de Jésus une idole qui répondrait à des souhaits pervers de toute-puissance. C’est faire de lui un Dieu surhomme ! Alors qu’il incarne un Dieu qui s’est fait homme. Totalement. Jusqu’au bout. Jusque dans la souffrance et la mort !

Une grande majorité ne supporte pas un tel Dieu ! Mais peut-être qu’un ou deux parmi nous… deux ou trois… et, de plus en plus, comprendront !? Au matin de Pâques surgit, hors des forces de morts, un Dieu solidaire et serviteur… Un Dieu qui vient partager notre humanité et ses limites, là où nous attendions un Dieu qui nous ferait sortir de nos limites humaines. Jésus est venu nous dire que le Dieu véritable n’était pas au bout de nos inventions, mais qu’il se tenait là, dans l’ombre de la terre. « Comme un feu invisible, qui brûle sans se consumer » (Ex3.2 et 3). « Comme un silence subtil qui dit des mots d’amour au secret des cœurs » (Romains 8). Comme un serviteur pour venir soulager nos pieds de la rudesse du chemin (Jean 13).

En Jésus, Dieu a refusé un statut de surhomme. Même son tombeau est vide : vide de toute idole, vide de tout artifice, vide de toutes les manipulations de tous les Kirill de tous les temps¨, fussent-ils patriarche de Moscou et de toute la Russie !  Ce Christ-là, est ressuscité, il est vraiment ressuscité au matin de Pâques ! Alléluia !

Prière

Pourquoi chercher parmi les morts celui qui est vivant ?

Il y a une fissure par laquelle perce le jour,

Il y a dans le temps une fracture qui nous libère,

Il y a le vent qui se lève et qui vient du tombeau,

Il y a le large qui s’offre à notre advenir.

Parce que l’Homme-Jésus n’est plus là

Parce que ce qui était scellé est ouvert,

Parce que femmes et anges se sont rencontrés,

A l’opposé de la visite que fit l’ange à la femme.

Je ne sais rien dire de la résurrection de Jésus,

Que le cheminement de nos pas de tristesse,

Sur les routes du monde qui vont à Emmaüs,

Où nos vies sont brisées en des miettes de joie.

La résurrection de Jésus est un secret,

Que nous avons à vivre plus qu’à dire,

Elle traverse toutes nos morts

Et ressuscite tous nos bonheurs.

Elle est éternité au cœur de nos tendresses,

Elle est l’avers de nos fragilités,

Elle est pour nous et non pour Dieu,

Elle est pour l’homme qui a peur de la mort

Jacques Mortier

Bénédiction : Le Christ ressuscité au matin de Pâques, le Christ plus fort que la mort, le Christ de la vie vous bénit et il vous garde. Joyeuses fêtes Pascales.

Thierry Muhlbach Pasteur.

Extrait du Messie de Georg Fridrich Haendel «Alléluia»

Méditation, 6 avril 2022

Bonjour et bienvenue cordiale à vous qui nous rejoignez pour ce temps de méditation.

Pour commencer…
Hallelujah interprété par 2CELLOS

 Notre montée vers Pâques touche bientôt à son accomplissement. Dimanche prochain, nous entrerons dans la Semaine Sainte.
Depuis de nombreuses années, j’ai inscrit une parole d’E. Drewermann sur un panneau dans mon bureau… pour la garder bien en vue.

La résurrection s’accomplit longtemps avant la mort !

Quel plaisir, quelle joie, quelle émotion, lorsqu’au fil des jours, des événements, des rencontres, des activités, il m’est donné de re-découvrir combien c’est vrai.
Une occasion récente m’a été offerte en visionnant le documentaire Robin des voix de Frédéric Gonseth et Catherine Azad, consacré au parcours de Robin de Haas. Né avec une fente palatine, Robin ne pouvait pas se faire comprendre par la voix. Le voici aujourd’hui ténor professionnel et formateur. Une résurrection ! (Cf. l’article du journal «Réformés» de mars 2022, en pages 8 et 9.)

Cette histoire de vie m’a fait penser à ce passage du livre du prophète Esaïe, au chapitre 35.
Qu’ils se réjouissent, le désert et la terre aride, que la steppe exulte et fleurisse, qu’elle se couvre de fleurs des champs, qu’elle saute et danse et crie de joie ! (…)
Rendez fortes les mains fatiguées, rendez fermes les genoux chancelants. Dites à ceux qui s’affolent : Soyez forts, ne craignez pas. Voici votre Dieu (…). Il vient lui-même vous sauver. Alors, les yeux des aveugles verront et les oreilles des sourds s’ouvriront. Alors, le boiteux bondira comme un cerf et la bouche du muet criera de joie. Des eaux jailliront dans le désert, des torrents dans la steppe. (…) Allégresse et joie viendront à leur rencontre, tristesse et plainte s’enfuiront.

Je ne pourrai plus entendre ou lire ces mots «la bouche du muet criera de joie» sans y associer la vie et la personne de Robin de Haas !
Je vous propose de méditer ce passage grâce à la réflexion de la théologienne Francine Carrillo (extrait de Une parole au vif de l’humain, Ed. Ouverture).
Esaïe est un inspiré, c’est d’ailleurs le vrai sens du mot «prophète» en hébreu qui vient d’une racine qui veut dire «se réveiller du sommeil» ; les prophètes sont des éveillés, ils ont les yeux ouverts quand les autres somnolent ; ils ne prédisent pas l’avenir, mais ils voient le présent avec les yeux de l’Esprit, ils savent que la vie travaille en profondeur quand les autres pensent qu’elle s’est arrêtée.(…)
Quand Esaïe chante un monde où la terre aride exulte et le désert se couvre de fleurs, où les aveugles voient, les sourds entendent, les muets parlent, les boiteux marchent, ne fait-il que promettre un au-delà plus souriant à ceux dont le présent est trop pesant ? Cherche-t-il seulement à nous dire que ce qu’on n’a pas ici, on peut l’espérer pour après ? Ce serait bien maltraiter cette parole incandescente que d’en faire une telle lecture !
Ce que nous donne à entendre cette voix prophétique est autrement plus précieux. Elle nous apprend qu’aucune larme ne doit se perdre, qu’aucune mort ne peut se passer de résurrection, car notre finitude est habitée par un amour infini.
Tout désert est promis au verdoiement, toute blessure aura sa guérison, tout exil trouvera son retour, car Dieu vient comme il est venu hier, comme il viendra demain. Il vient nouer son éternité à notre fragilité et ce qui semble perdu est déjà racheté. (…)
Au profond du malheur ou plus simplement des questions ou des doutes qui nous traversent, il arrive que nous soyons touchés par une sorte d’apaisement, par le souffle d’une joie douce et forte dont nous sentons bien qu’elle a sa racine ailleurs que dans le contentement que peut nous apporter le monde. Il arrive que nous recevions la visite aussi fugitive qu’inoubliable d’un Amour que l’amour des autres ne peut que nous faire pressentir. Cette joie nous laisse entrevoir la proximité d’une Présence qui est la véritable réponse que notre désir espère.
Esaïe chante pour nous le chemin d’un retour vers la terre de la promesse. Or la terre promise n’est autre que notre propre terre quand elle devient terre de la rencontre, une terre visitée, une terre habitée où nous pouvons nous réhabiter nous-mêmes sous le regard de Dieu. La joie est à chercher en ce lieu intérieur où l’infini touche le fini. Elle annonce le triomphe de la vie sur la mort…

Prière

Toi le Ressuscitant, tu ôtes les clous qui me fixent à une vie ancienne et moribonde
tu m’envoies vers plus loin, tu repousses l’horizon du monde
Tu es le vent puissant de mon intranquillité
tu es l’épice et le piment, la voie que rien ne trace jamais
Toi le Ressuscitant, tu es le germe qui perce la graine morte
tu es le frère de mes errements et soudain le grincement de porte
qui prélude au pas familier de ta Présence
A ton approche tout est vibrant, même le silence

Toi le Ressuscitant, inlassable veilleur
qui force ma nuit de ta lumière
tu es le réveil qui s’oppose à toutes mes somnolences
tu es le levain de mon pain,
la fissure dans mon coeur de pierre
tu es celui qui vient et qui m’empoigne pour la Danse.
(prière de M. Muller-Colard)

Encore une musique pour continuer de porter notre monde dans la prière…
Bénédictus de Karl Jenkins interprété par 2CELLOS

Bonne journée et une montée vers Pâques, bénie !

Francine Cuche Fuchs