Méditation mercredi 2 septembre 2020

Bonjour et bienvenue cordiale à vous qui nous rejoignez pour ce temps de méditation.

Pour commencer avec la louange :
« Jubilez, criez de joie ! »

Les Suissesses et les Suisses aiment chanter. Il y aurait 42’000 pratiquants du chant choral dans notre pays… Hélàs, au mois de mars dernier, un lourd silence s’est installé subitement à la place des habituelles répétitions hebdomadaires.

Ces dernières semaines, peu-à-peu, plusieurs chorales ont repris les répétitions, mettant en œuvre des trésors d’ingéniosité et de prudence, afin de pratiquer le chant sans danger.

Dans nos cultes aussi, respecter les exigences sanitaires, nous oblige à chanter très « prudemment », voire à mi-voix ou carrément intérieurement. Quelle frustration !

Je pense souvent à cette expression célèbre attribuée à Saint-Augustin : « Chanter, c’est prier deux fois. »
Et je dédie le conte ci-dessous (écrit par Marie-Luce Dayer) à toutes et tous les amoureux-ses du chant, que ce soit en choeur ou en solitaire, classique ou moderne, au culte ou à la Salle de Musique, sous la douche ou au sommet de Pouillerel.

Conte : Le berger de la lande
Il était une fois un berger qui vivait dans la lande. Il y avait passé sa vie entière et ce qu’il connaissait du monde se limitait à ses buissons épineux, ses aulnes, ses sentiers sablonneux, ses brumes, ses soleils brûlants, ses froids mordants, ses ciels étoilés et ses lunes orangées.
Il ne savait ni lire ni écrire, mais il abritait au fond de son coeur un grand amour. Pour son Dieu tout d’abord, créateur de toute beauté et de toute bonté, puis pour ses agneaux, pour ses mères brebis et pour ses moutons. Comme il ne parlait le plus souvent qu’à ses bêtes, il s’exprimait parcimonieusement et son vocabulaire était très limité. Il possédait cependant un don merveilleux. Il savait chanter et la nature l’avait gratifié d’une voix magnifique. Comme la lande était toujours déserte, il donnait libre cours à la puissance de ses cordes vocales. Si son chant était simple, il était porteur de tant d’émotion qu’il en devenait beau.
« Si je te rencontrais sur la lande un jour de pluie,
je t’offrirais mon manteau et mon chapeau
parce que je t’aime.

Si je te rencontrais sur la lande un jour de soleil,
je t’offrirais du lait de mes brebis
parce que je t’aime.

Si je te rencontrais sur la lande à l’heure de midi,
je t’offrirais mon pain et mon vin
parce que je t’aime. »

Ainsi chantait le berger de la lande. A toutes les heures du jour et de la nuit.
Un dimanche matin, un chanoine de l’abbaye, en retard pour un service divin dans un village voisin, décida de couper à travers la lande afin de gagner un peu de temps. Tout en marchant, il entendit une voix clamer un chant qui lui parut étrange. S’approchant d’un bosquet, il vit, assis au milieu de ses agneaux, un vieil homme qui lui sembla comme « illuminé ».
– Que fais-tu ? lui demanda-t-il.
– Je prie, répondit l’homme.
– Tu pries ? Mais comment pries-tu ?
Alors le berger recommença son chant.
– Tu oses appeler ça prier, sermonna le chanoine. Ne sais-tu pas que Dieu a tout créé, que tout lui appartient et que ton manteau, ton chapeau, ton lait, ton pain et ton vin sont une injure à sa grandeur. Comment peux-tu imaginer qu’il ait besoin de ça !
Je suis très pressé, car je suis en retard, mais je vais néanmoins te sacrifier quelques minutes pour t’apprendre à prier.
– Le matin, en te levant, tu diras…
Et il récita une prière que le berger ravi répéta comme dans un rêve, car les mots qui s’égrenaient dans sa bouche étaient pure musique.
– A midi, tu diras…
Et il récita une autre prière tout aussi belle que la première.
– Et le soir, avant de dormir, tu diras…
Les mots du soir étaient encore plus beaux que ceux du matin et du midi. Ils étaient comme enveloppés de douceur. Le berger en eut les larmes aux yeux.
– Tu as bien compris ? reprit le chanoine.
– Oui… oui… chuchota le vieil homme. Merci.
Et l’homme d’Eglise reprit son chemin en grande hâte.
Le berger était au septième ciel. Il se mit à attendre le jour suivant afin de pouvoir commencer à prier.
Ce soir-là, il s’endormit dans la joie la plus parfaite. Demain, il dirait toutes ces phrases sublimes qu’il avait apprises. Mais le lendemain matin, à son grand chagrin, il réalisa qu’il les avait oubliées. A midi, ce fut pareil… et le soir aussi…
Il se mit alors à pleurer, se sentit misérable, pauvre, limité. Où étaient les beaux mots qui lui auraient permis de prier ?  Loin… partis… envolés. Il ne savait plus rien.
Il n’osa plus chanter. Et la lande demeura silencieuse. Et le berger s’enfonça dans une grande tristesse.
Dans son ciel, Dieu s’aperçut très vite qu’il manquait quelque chose à la lande. Il envoya un de ses anges pour voir ce qui se passait. En réalité, le chant du berger lui manquait.
L’ange trouva le vieil homme muet et triste.
– Pourquoi ne pries-tu plus ? lui demanda-t-il.
– Parce que je ne sais pas prier. Le chanoine a bien essayé de m’apprendre, mais je suis trop bête… J’ai tout oublié.
L’ange alors conduisit le berger jusqu’aux portes du ciel.
– Ecoute, lui dit-il.
Et le berger, ébahi, entendit soudain le choeur des anges qui chantait son chant : « Si je te rencontrais sur la lande…. »
Tout y était : le manteau, le chapeau, le lait, le pain et le vin.
– Oh, murmura le berger… c’est pas croyable !
– Tu vois, reprit l’ange, ta prière est belle. Elle a été adoptée par le choeur céleste !
Et il ramena le berger dans la lande.
Dès ce jour-là, le vieil homme se remit à chanter. Peu-à-peu, il devint musique… il devint prière.
Et depuis, rien ni personne ne le détourna plus de son destin.

Marie-Luce Dayer, Le berger de la lande, in Des cercles et des étoiles, Editions Ouverture, 2004.

Bonne journée à chacun-e !
Qu’elle soit harmonieuse…
Et que le Seigneur vous bénisse et vous garde dans la Paix.
Amen.

Si ça vous chante…
Une célèbre « leçon » de chant avec Whoopi Goldberg :

Ces chansons qui ont changé le monde :
https://photo.caminteresse.fr/ces-chansons-qui-ont-change-le-monde-39530

Francine Cuche Fuchs, pasteure

Méditation mercredi 12 août 2020

« Mon âme t’a désiré pendant la nuit, au plus profond de moi, mon esprit te cherche »
Bienvenue chers lecteurs, chères lectrices :
Je vous invite aujourd’hui à une réflexion autour du Psaume 148

« du haut du ciel, glorifiez le Seigneur
glorifiez-le, vous qui êtes là-haut
glorifiez-le, tous les anges
glorifiez-le, toutes ses troupes
glorifiez-le, soleil et lune
glorifiez-le toutes, étoiles scintillantes
glorifiez-le, espaces reculés du ciel
et vous aussi, masse d’eau plus hautes encore
que tous glorifient Le Seigneur,
car il n’a eu qu’un mot à dire
et il ont commencé d’exister.
Il les a mis en place pour toujours ,
leur fixant une loi à ne pas enfreindre »

8 fois nous lisons le mot « glorifier » qui dans d’autres traductions devient parfois « louer ». Le verbe « glorifier » apparaît dans l’Impérative. On pourrait donc entendre quelque chose comme un ordre. L’ordre de glorifier Dieu ! Non, je crois ce n’est pas l’intention de l’auteur du Psaume. Il s’agit d’abord d’une description du monde comme il existe, comme il se présente à nous.
Nous constatons en plus un parallélisme avec les versets de la Genèse dans lequel Dieu se présente comme créateur. La terre et le ciel ont été crées, et louent maintenant le créateur simplement en étant ainsi dans leur beauté et majesté. La création raconte ou révèle la gloire de Dieu.

Le Cantique 41/17 reflète bien cette situation.

Et le psaume continue :
« Depuis la terre, glorifiez le Seigneur
glorifiez-le, océans et monstres marins
et vous aussi, feu et grêle, neige et brouillard,
vent de tempête, soumis à sa parole.
Glorifiez-le, montagnes et collines,
arbres fruitiers, et tous les cèdres,
animaux sauvages ou domestiques,
oiseaux et reptiles. »

Et nous, être humains ? Qui sommes-nous dans ce chant de louange. La fragilité de l’humain, me semble-t-il, est cautionnée tout le long du texte : dans ce poème, toute la création, aussi bien dans le monde céleste que terrestre, est située au même niveau.
Ecoutons :
« Glorifiez-le, rois de la terre,
et vous aussi, tous les peuples,
les princes et les dirigeants de la terre.
Garçons et filles, jeunes et vieux,
glorifiez-le ».

Dieu ne place pas certains êtres humains au-dessus des autres et du reste de la création. Le but de l’humanité n’est pas d’atteindre des catégories divines. Dieu plutôt partage avec nous le fait que nous sommes capables de travailler avec nos mains dans l’oeuvre dont nous faisons en même temps partie. Dieu n’a pas d’autres mains que les nôtres…commence un cantique bien connu.
La création n’est donc pas un univers fermé mais une sorte de champ sur lequel en étant créature et créateur en même temps nous pouvons nous engager.
Calvin, le grand réformateur parle dans un de ses texte de la prédestination du potentiel. Il dit : « Dieu, comme un artisan, marque chaque pièce, chaque être vivant de son sceau. Le créateur décide-par exemple- pour un chêne comment il suivra le cours des saisons et pour l’eau à quelles lois elle obéit. De même détermine-t-il pour chaque être humains ce qu’il sera ou ne sera pas capable de faire ».

Le Semeur de Vincent Van Gogh (1888)

Ce tableau de Vincent Van Gogh est très connu et s’appelle « le semeur au coucher du soleil ». Le champ sur ce tableau est prêt à accueillir une nouvelle vie. Derrière le semeur, le soleil se couche. L’homme fait corps avec le paysage, le cours du jour et de la saison. Comme ce semeur, nous sommes au quotidien au service de Dieu par notre travail, notre engagement, nos prières et nos pensées.
En mettant à profit nos dons pour la gloire du Créateur, nous vivons pleinement en créature   Amen

Et pour finir je vous propose d’écouter « Air » de Jean Sébastien Bach et je vous laisse vous guidé par cette belle musique.

Notre psaume finit par dire : « Alléluia, vive Le Seigneur »
Que Dieu vous garde !

Elisabeth Müller Renner