Méditation 30 septembre 2020

« Tu es la source vive, tu es le feu, la charité. Viens Saint–Esprit ! »

Soyez les bienvenus pour cette méditation à la fin du mois de septembre. J’aimerais vous amener sur une réflexion autour de la thématique du « chemin ».

Un mardi après-midi nous étions assemblées autour de la grande table dans la cuisine de Maddy au Valanvron pour lire un texte dans l’évangile de Marc et y réfléchir :

« Jésus quitta ensuite la région de Tyr, passa par Sidon et revint vers la lac de Galilée à travers la région des Dix villes. On lui amena un homme qui était sourd et avait de la peine à parler, et on le pria de poser la main sur lui. Alors Jésus l’amena seul avec lui, loin de la foule ; il mit ses doigts dans les oreilles de l’homme et lui toucha la langue avec sa propre salive. Puis il leva les yeux vers le ciel, soupira et dit à l’homme : EFFATA ! (ce qui signifie : ouvre-toi) »

Le début nous a étonnés : la route que Jésus entreprend est bien décrite ; comme dans un guide de voyages. Cela n’est pas un détail, l’Évangéliste Marc veut nous en dire quelques chose d’important :
Car en regardant la carte tout à la fin de la Bible nous nous sommes rendus compte que Jésus s’est bien éloigné de la région près du lac de Galilée où il avait commencé d’enseigner. Maintenant il va plus loin pour rencontrer des gens et proclamer la bonne nouvelle.
Comme exemple de ces rencontres, l’histoire de l’homme sourd-muet, malentendant dirait-on aujourd’hui, nous est présentée :
Un homme qui a besoin d’aide. Nous savons qu’à l’époque de Jésus, les personnes malades, handicapés vivaient en dehors de tout contact humain, personne n’osait les toucher.
Mais voilà ce qui arrive : EFFATA, ouvre-toi ! quelle parole, quel miracle !

Les gestes intimes entre Jésus et le malade nous touchent.

Avant cette action Jésus lève les yeux vers le ciel et il soupire. Il est en lien avec Dieu, qu’il appelle Abba, père. Un soupir est l’espace entre ce qui est et ce qui viendra. Entre ce que je désire et ce qui est la réalité. Un tiraillement vers une vie accomplie. Nous sommes toujours les deux : enfants de Dieu tout en étant enfants de la terre.
Jésus nous montre un Dieu de proximité, un Dieu qui veut notre meilleur. Dans ce sens Jésus guérit notre homme malentendant et en change son destin : d’un exclus il devient un accepté, d’un homme perdu il devient un homme retrouvé. L’acceptation de chaque être humain, de l’être humain tout particulier avec son origine, ses soucis, ses doutes et ses réussites, cette acceptation, ce grand OUI de la part de Dieu envers nous, nous fait vivre.
Il y a un chant dans Alléluia qui loue ce Dieu qui veut que nous grandissions :

ALLELUIA 42/02

Chères lectrices, chers lecteurs, parfois nous tombons dans un trou, dans les moments de deuils par exemple, dans des périodes de grosses décisions, dans des situations de peur, de soucis existentiels. Mais notre histoire montre que nous ne tombons jamais plus bas que dans les mains de Dieu.
EFFATA ouvre-toi : devant toi se trouve le chemin qui mène vers Dieu.
Mais voilà autant de chemins de vie :

Je vous propose un moment de réflexion pour se poser cette question : quels sont les chemins qui me mènent jusqu’ici et aujourd’hui. Mais aussi : quels chemins pourraient encore se trouver devant moi, quel chemin puis-je prendre pour arriver à un but particulier. Soit un but personnel ou familial, professionnel ou en tant que groupe, canton, pays.

Récemment j’ai lu un petit livre où un danseur décrit son chemin de vie : il était bien connu, avait du succès, son parcours de vie planifié. Mais il a eu un accident grave et n’était plus capable de danser. A ce moment-là il commença à réfléchir sur son chemin de vie et sur celui que Jésus avait parcouru. À la fin de son livre, il nous dédie une prière qui me touche énormément:
Dieu de notre vie. Tends-moi la main et je danserai pour toi. Dans ton amour pour nous, tu as bien fait des pas. Tu as parcouru les routes poussiéreuses de Galilée, pour annoncer la bonne nouvelle. Tu n’as pas reculé sur le chemin qui te menait au Mont des Olives. Et dans la beauté de ta résurrection, tu t’es révélé à tes disciples. Tu en as même rencontré quelques-uns, tout discrètement sur la route d’Emmaüs.
À chacun, à chacune tu as dit ta présence chaleureuse et ta fidélité.
Avant moi, tu as marché sur le chemin où tu m’appelle aujourd’hui. Dans mes ténèbres tu seras la lumière de mes pas. Dans ma faiblesse, tu seras la force de mon coeur. Je sais que dans l’élan de ton Esprit, je sauterai jusqu’à toi.    Amen

Et pour finir écoutons la belle musique de Haendel, la Sarabande

« Que Dieu vous bénisse »

Elisabeth Müller Renner

Méditation 23 septembre 2020.

Bonjour chers visiteuses et visiteurs de ce site paroissial.

Lors de la méditation du 29 juillet, je vous avais proposé de cheminer avec les thématiques de la colère et de la réconciliation : la première étape consistait à lire le conte au sujet de la colère, puis nous avons réfléchi à la place du fils prodigue.  Aujourd’hui c’est celle du fils aîné qui nous questionne. Ce cycle se terminera enfin par la figure du Père lors de la prochaine méditation. Bonne lecture, bonne écoute, belles prières et méditations et belle journée à vous.

Musique : Air. Jean-Sébastien Bach 3ème suite pour orchestre BWW 1068.

Prière : Dieu, nous appelons pour que tu viennes !
Viens nous adosser à ta Parole où se lève demain !
Deviens visage parmi nous !
Reviens visiter nos vies essoufflées !
Viens !
Nous appelons pour que tu viennes !
Et si prier était autre ?
Non pas un « Vient ! »
Mais un « Nous voici ! »
Où nous est redonné,
Comme signe de toi,
Le désir d’être là
où la vie se blesse et rebondit ?
Si prier était une mémoire
Plutôt qu’une attente ?
Déjà tes pas, ô Père,
ont trouvé les nôtres.
Tu viens depuis les siècles des siècles,
mais c’est nous qui nous absentons
Retourne notre prière,
Dieu qui fais voir autrement
Et apprends-nous à te nommer
En veillant sur l’instant !

Francine Carillo

Méditation 2. Le fils ainé. Luc 15,11-32

A priori il semble qu’il a ai beaucoup moins à dire au sujet du fils ainé que du fils cadet. La colère qui exprime son sentiment de ne pas être traité par son père à sa juste valeur est facile à comprendre. Le fils aîné, en affirmant qu’il sert son père depuis tant d’années et qu’il n’a jamais transgressé ses commandements exprime une réalité et des faits attestés. Cependant, il se situe ainsi dans une relation qui est davantage dictée par le sens du devoir, de l’obéissance à la loi familiale, que par l’amour de son père et de son frère.

Sa protestation est légitime si on la regarde du côté de la justice ordinaire. La société de droit est organisée selon le principe d’une justice distributive et rétributive qui pourrait se résumer ainsi : « rendre à chacun selon son dû ».

Selon cette logique, il serait juste d’appliquer au jeune fils la peine qu’il s’était d’ailleurs lui-même infligée : être traité comme un ouvrier de son Père et par la même renoncer à son titre de fils.

Le fils ainé ne comprend pas que l’amour d’un père peut dépasser toute logique de mérite et tout calcul rétributif. Il y a là une dynamique autre que celle qu’il s’applique à lui-même. En définitive, il me semble que l’aîné en est resté au stade de serviteur qui accomplit très bien son devoir et qu’il n’a pas saisi au plus profond de lui-même qu’il est, comme son cadet, fils et donc héritier du Père.

En effet, il reçoit une parole du père dont la formulation désigne, dans le Nouveau Testament, l’intimité entre Dieu le Père et Dieu le Fils : « Tout ce qui est à moi est à toi. » Il demeure fermé à cette filiation que le père tente de lui faire comprendre. Va-t-il finir par accepter le point de vue du Père ? La parabole ne le dit pas et permet ainsi au lecteur d’imaginer comment lui se situe personnellement.

Là où le fils cadet se perd dans la débauche, le fils aîné se perd en s’enfermant dans son bon droit. Les deux se perdent d’une certaine manière. Souvent, nous nous demandons si nous nous retrouvons plutôt dans le comportement de l’un ou de l’autre des fils de la parabole. Je crois que nous pouvons être l’un et l’autre, selon les circonstances : le « noceur » et/ou le « bosseur ».

Parfois, il nous arrive de suivre le chemin du fils cadet : Nous réclamons à Dieu notre part d’héritage, voulons faire notre vie sans lui, jusqu’à ce que la faim nous tenaille le ventre et que nous réalisons que sans lui, nous n’allons pas bien loin.

Et puis, nous nous retrouvons aussi parfois dans le comportement du fils aîné : jaloux de la joie des autres, amers parce que notre fidélité ne nous a apporté que peine et frustration, ne voulant pas voir les signes de reconnaissance qui nous sont témoignés, ayant besoin justement de ces signes pour nous rassurer et nous réconforter.

Mais cette parabole réveille aussi beaucoup de questions et peut-être même de l’inquiétude. Qu’est-ce qui a dû se passer dans cette famille pour que les deux frères se méconnaissent à ce point ? Pourquoi le jeune est-il incapable de mener une vie responsable et adulte, pourquoi a-t-il à ce point besoin de gaspiller ? Pourquoi le frère aîné ne s’est-il jamais émancipé du père, mais fait presque preuve d’infantilisme (« tu ne m’as jamais donné de chevreau ») ?

La prochaine méditation autour du Père présent dans la parabole nous en dira plus.

Prière : Christ Jésus, tu connais notre attente. En nous tous se trouvent le désir d’un absolu, une soif d’amour, que même la plus grande intimité humaine ne peut pas entièrement combler.

Mais toi, le Christ, tu nous donnes de comprendre que cette attente oriente tout notre être vers Dieu. Elle est un don de Dieu, elle contient un appel au dépassement de nous-mêmes.

Et déjà tu déposes en nos profondeurs l’Esprit Saint. Tu nous le donnes sans mesure, il habite en nos cœurs pour toujours. Il prie en nous et nous porte en avant.

Par l’Esprit Saint, tu nous réunis dans cette unique communion qu’est ton Église. Cette communion nous donne de renaître à une vie nouvelle.

Et comme toi nous pouvons, nous aussi, nous mettre en route vers les plus pauvres et transmettre l’espérance de la Résurrection … qui déjà renouvelle la face de la terre.

Frère Alois, Taizé.

Musique : Schubert Sérénade.

Bénédiction. Le Dieu de la vie vous bénit et vous garde dans sa paix dans sa joie et dans son amour, aujourd’hui et chaque jour qui vient. Amen.

Pasteur Thierry Muhlbach