Méditation 10 décembre 2020

Ah, si le ciel se déchirait !
Si jusqu’à nous tu descendais !
Dieu de justice et de bonté,
rends-nous enfin la liberté !

Viens mettre fin à nos hivers,
fais reverdir tous nos déserts !
Que, pour le monde, oh, Dieu très haut,
Ainsi commence un temps nouveau.

Bienvenue à vous tous et toutes pour cette méditation quelques jours avant le 3ème  Avent !

Beaucoup de chants de Noël parlent de l’attente du Sauveur justement dans une période où la vie est cachée sous le sol gelé et les êtres vivants aspirent à un nouveau printemps. Ce désir d’un renouvellement, d’une vie qui pousse et fleurit est symbolisé par les branches vertes des sapins, par les lumières des bougies et par les couleurs des décorations qui aident à nous réchauffer.

Je vous invite donc à chanter au numéro 31/12 dans Alléluia

 Ah ! si le ciel se déchirait !

1. Ah ! si le ciel se déchirait !
Si jusqu’à nous tu descendais !
Dieu de justice et de bonté,
Rends-nous enfin la liberté !

2. Viens mettre fin à nos hivers,
Fais reverdir tous nos déserts !
Que, pour le monde, ô Dieu très-haut,
Ainsi commence un temps nouveau !

3. O terre, accueille en tes sillons
Le grain jeté pour les moissons :
Que le salut fleurisse enfin,
Et l’équité dans tes chemins !

4. Laissant ton ciel et ses splendeurs,
Console, ô Christ, un monde en pleurs !
Délivre-nous, rends-nous plus forts
Dans la souffrance et dans la mort.

Es 63,19 ss. / d’ap. Richard Paquier 1905-1985

Lisons dans l’évangile de Luc, 1er chapitre, les versets 39-45 :
« A cette même époque, Marie se mit en route et se rendit en hâte dans une ville de la région montagneuse de Judée. Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Elisabeth. Au moment où Elisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant remua au-dedans d’elle. Elisabeth fut remplie de Saint-Esprit er s’écria d’une voix forte :
Dieu t’a bénie plus que toutes les femmes et sa bénédiction repose sur l’enfant que tu auras !
Qui suis-je pour que la mère de mon Seigneur vienne chez moi ? Car, vois-tu, au moment où j’ai entendu ta salutation, l’enfant a remué de joie au-dedans de moi. Tu es heureuse : tu as cru que ce qui t’a été annoncé de la part du Seigneur s’accomplira. »

Marie pose des questions : pourquoi moi, une jeune femme pas marié mais enceinte qui ne compte pas beaucoup dans la société, moi je devrais donner naissance au Sauveur du monde. Est-ce que l’ange Gabriel n’aurait-il pas pu trouver une personnalité mieux adaptée ? Non, c’est elle, qui a été choisie et son fils ne va pas naître dans un château mais dans une crèche et il ne va pas régner comme un roi ou voire un dictateur mais comme un frère.
Et l’histoire entre Dieu et nous, êtres humains, commence. «  Je suis la servante du Seigneur, qu’il me soit fait comme tu l’as dit ». C’est par cette affirmation de la part de Marie que l’histoire de Dieu, venu sur notre terre, commence. Dans son cantique,  Marie nous donne, je dirais, une sorte de résumé, une projection sur les évènements qui marqueront l’humanité par l’arrivée du Sauveur du monde à qui elle donnera naissance. Elle parle déjà, donc peu de temps après l’annonce par l’ange, de la réalité bouleversée, du renversement des valeurs établies : « Dieu a renversé les rois de leurs trônes et a donné une place élevée aux humbles. Il a accordé des biens en abondance à ceux qui avaient faim et a renvoyé les riches les mains vides ». Quel pouvoir dans ces phrases que Marie prononce, quelle libération ! Elle proclame la proximité de Dieu envers nous. Jésus par la suite nous parlera d’un Dieu aimant qui nous cherche quand nous sommes perdus. Jésus parlera d’un Dieu qui nous guérit et nous appellera par notre nom.

Nous avons vu les pas de notre Dieu : un cantique qui ouvre nos cœurs et nos sens :

CANTIQUE 31/30 ALLELUIA

Après Marie et Elisabeth, aussi les bergers nous font preuve de cette naissance incroyable, de la naissance d’un Dieu parmi nous. Eux aussi, font partie d’un groupe de personnes peu renommées à l’époque. Leur vie ne comptait pas beaucoup. La chaleur de la journée et le froid pendant les nuits, leur infligeaient des souffrances. Mais quand l’ange réapparaît, cette fois dans les champs où les bergers gardent leurs troupeaux, ils apprennent qu’une nouvelle vie commence : N’ayez pas peur, je vous apporte une bonne nouvelle. Et effectivement : ils trouvent la bonne nouvelle et «célébraient la grandeur de Dieu et le louaient », comme nous lisons dans l’évangile.
Si je vous demandais maintenant : quelle est le sens de votre vie, vous me donneriez des réponses différentes : avoir des enfants, par exemple, ou un travail qu’on exerce avec joie, avoir une bonne santé, des amis proches. Avoir le don de se réjouir, de partager, de s’unir les uns avec les autres. Tout cela, et bien d’autres éléments sont tout à fait valables, mais je crois que la chose la plus importante c’est : d’être témoin de la présence de Dieu sur notre terre. « Est-ce que tu reçois chaque jour comme un jour de Dieu ? Est-ce que tu peux trouver dans chaque saison, dans chaque jour ensoleillé et chaque nuit glacée des traces de Dieu ? Est-ce que tu peux accepter les évènements, aussi les plus petits sans regret, sans reproche mais dans un grand étonnement ? » C’est frère Roger qui a posé ces questions en guise de réponse à la question sur « comment être témoin de la présence de Dieu ». Et il continue : Avance, mets un pied après l’autre, avance du doute à la foi et ne t’occupe pas de ce qui te semble être impossible. Allume un feu, même avec les épines qui risquent de te déchirer.

Dans cette espérance, élevons nos voix pour accueillir celui qui a changé le visage du monde.

QUE DIEU VOUS BÉNISSE !

Elisabeth Müller Renner, pasteure

Méditation 8 décembre 2020

Bonjour chers visiteuses et visiteurs de ce site. Nous voici bien entrés dans ce temps de l’Avent et Noël se profile à l’Horizon. Durant les temps troublés que nous traversons il est bon de pouvoir nous appuyer sur ces temps particuliers comme l’Avent et Noël. Ces temps nous indiquent une direction et peuvent nous servir de points de repères. Nous sommes invités à cheminer à partir de notre espérance chrétienne en un Dieu qui se fait l’un des nôtres tout en gardant les yeux tournés vers ce qui se passe sur notre terre. Bonne écoute, bonne lecture.

Ecoutons pour entrer dans l’Avent Alison Balsom et sa trompette. Allegro du concerto en ut majeur de J.S.Bach.

Prions.

Pour tous les enfants, partout dans le monde, afin qu’ils trouvent l’amour d’un père ou d’une mère pour les accueillir, prions.
(Silence)

Pour les enfants qui souffrent de la méchanceté des hommes, qui sont blessés par leur haine ou tués dans leurs guerres, afin qu’ils trouvent paix et joie auprès de Dieu, notre Père, prions.
(Silence)

Pour les enfants qui naissent infirmes, avec un corps difforme ou une intelligence crépusculaire, afin qu’ils trouvent la beauté du coeur auprès de Dieu, source de toute splendeur ; prions.
(Silence)

Pour les enfants qui ne sont ni désirés, ni aimés, afin qu’ils sachent que Dieu, leur Père, ne les aime comme personne ne peut les aimer sur la terre, prions.
(Silence)

Pour les enfants qui sont orphelins, afin qu’ils découvrent dans une famille qui les accueille l’amour de leur Père du ciel, prions.
(Silence)

Pour les enfants qui sont heureux, afin qu’ils apprennent à partager leur bonheur, prions.
(Silence)

Dieu notre Père, que ton amour veille sur tous les enfants du monde, qu’il les fasse grandir en grâce et en sagesse. Et nous-mêmes garde-nous dans l’esprit d’enfance et d’humilité, afin que nous puissions un jour entrer au Royaume. Nous te le demandons au nom de Jésus, qui est né pour nous, petit enfant à Bethlehem, et qui règne avec toi pour les siècles éternels. Amen.

Méditation. Marc 9. 33 à 37.

L’initiative pour des multinationales responsables qui a été rejeté le 29 novembre appelait avant tout à lutter contre les injustices commises notamment à l’égard des enfants. Il s’agissait de s’opposer à l’exploitation sans scrupules du travail des enfants dans des mines ou des usines dans le monde. Les productions des enfants se retrouvant ensuite sur nos étals en occident.

En cette période de l’Avent qui nous fait cheminer vers la lumière de Noël et le don de l’enfant Jésus, Christ Roi, il est bon de relire ce que la Bible dit des enfants. J’ai choisi l’évangile de Marc au chapitre 9 les versets 33 à 37 comme exemple.

Au début de ce passage les disciples se querellent pour savoir lequel d’entre eux est le plus grand. Nous ne connaissons pas le détail de cette querelle dont il cependant est facile d’imaginer la teneur. Ce que le passage nous dit en revanche c’est la réponse de Jésus à cette soif de pouvoir et de préséance exprimée par les disciples. Soif de pouvoir qui dans notre monde actuel se double d’une soif de profits et d’accumulation de richesses dont certaines multinationales essayent de se dédouaner sans arriver à être très crédibles.

Or cette réponse Jésus, comme souvent, la donne en énonçant d’abord un principe : « Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous ». v 35. Jésus n’élimine pas la primauté. Il sait bien que dans toute société humaine il faut des dirigeants et des administrés. Tout le monde n’accompli pas la même tâche sinon la société devient uniforme et ne fonctionne plus. Ceci n’est cependant pas une raison pour justifier que certains aient des salaires exorbitants et que d’autres par exemple des enfants gagent quelques cents par jour. Jésus sépare la fonction de la dignité de l’individu. Chaque individu est digne par lui-même indépendamment de ses œuvres auraient dit les Réformateurs.

Mais Jésus sait que les principes si bénéfiques soient-ils ne sont pas entendus ni écoutés. Alors Jésus met un enfant au milieu de leur cercle de discussion. Généralement on pense que Jésus met ainsi en avant l’humilité d’un enfant face à l’arrogance des adultes. Ou encore la simplicité de l’enfant face à la complexité des adultes. Pour ma part je ne le crois pas, car l’un des rêves des enfants c’est précisément de devenir grand. Jésus ici à mon avis insiste plutôt sur la capacité des enfants à accueillir et à recevoir. Il emploi 4 fois ce terme dans le dernier verset. Faisant ainsi écho au bien connu : « Quiconque n’accueille pas le royaume des cieux comme un enfant n’y entrera jamais ».

Or en Marc 9 .37 il n’est pas seulement question de recevoir comme un enfant mais de recevoir l’Enfant » Cet Enfant à recevoir, à accueillir est symbolique de l’accueil de Dieu lui-même.

Être disciples du Christ, de l’Enfant c’est d’abord recevoir, le recevoir et non pas donner ou lui donner. Recevoir cet Enfant c’est recevoir les trésors de valeurs qu’il apporte, qu’il donne. Ces valeurs sont bien ceux de la paix qui ne vient jamais sans justice, de la dignité, du respect et de l’amour noble aussi et surtout pour les enfants du monde entier.

Bon cheminement de l’Avant et joyeux Noël. Amen.

Et/ou un

Conte.  Deux enfants en chemin.

II était une fois deux enfants, une sœur et un frère. C’étaient des enfants très sages et obéissants. Ils en étaient presque un peu fiers. Ils aimaient bien jouer avec leurs camarades, mais encore plus entre eux deux. Un jour – c’était la veille de Noël – ils décidèrent de partir tout seuls fêter Noël au ciel, avec les anges et avec Jésus. Ils se mirent en route de bon matin, car ils pensaient bien que le chemin serait assez long. Ainsi ils marchèrent et marchèrent à travers les paysages, en direction du soleil levant.

Soudain ils entendirent au loin le grondement d’un torrent et se trouvèrent bientôt au bord d’un profond ravin longé de falaises vertigineuses. Prudemment ils s’approchèrent du bord. Comment faire pour traverser ? Alors ils aperçurent un pont, rectiligne comme une règle et tout aussi étroit, qui réunissait les deux bords. Oseraient-ils le traverser ? Cela parut de la folie.

Mais voilà : ce pont s’appelait « le pont du mensonge ». Celui qui n’avait jamais menti de sa vie pouvait l’emprunter sans danger. Les deux enfants se regardèrent et dirent d’un commun accord : « Nous n’avons jamais menti de notre vie, allons-y !» Un peu tremblants, ils s’y engagèrent, un pied devant l’autre, et encore un pied devant l’autre, et ainsi de suite, et ils gagnèrent le bord opposé.

Un peu fatigués, ils continuèrent leur route. Au bout d’un certain temps, ils entendirent de lointains rugissements. Malgré leur frayeur, ils avancèrent. Les rugissements enflèrent, cela ressemblait bien à des rugissements de lions, mais ils ne purent rien voir, car le paysage était sauvage : des fourrés et des buissons épineux s’étendaient à perte de vue. Brusquement, ils virent quelque chose de jaune doré bouger à travers les branches. Ils s’arrêtèrent net : c’étaient bien deux lions, un à droite et l’autre à gauche du sentier. Que faire ? Rebrousser chemin ?

Mais voilà : c’étaient « les lions bagarreurs, les lions de la colère ». Celui qui ne s’était jamais bagarré ni mis en colère contre quiconque pouvait passer sans être attaqué. Les deux enfants se regardèrent et dirent d’un commun accord : « Nous ne nous battons jamais et ne piquons jamais de colère, Allons-y. » Le cœur battant, ils avancèrent et, lentement, passèrent indemnes entre les deux lions qui ne bougèrent pas.

Encore un peu plus fatigués, ils continuèrent leur route. L’après-midi avançait. Le soleil avait passé le zénith depuis longtemps, Combien de temps encore jusqu’au ciel ? Alors qu’ils sortaient enfin des fourrés, le sentier semblait s’orienter vers un replat parsemé de bouleaux, reconnaissables à leurs troncs blancs. Les enfants espérèrent pouvoir se reposer un peu sous leurs fins branchages. Mais en s’approchant, que découvrirent-ils ? Un marécage, des trous gluants d’eau noire entre des îlots de boue flottante, plus trace de sentier. Impossible de s’y hasarder.

Mais voilà : ce marécage s’appelait « le passage de l’obéissance ». Celui qui n’avait jamais désobéi à ses parents ni à quiconque, pouvait s’y risquer. Les deux enfants se regardèrent et dirent d’un commun accord : « Nous n’avons jamais désobéi, nous pouvons poser nos pieds sur le marécage, allons-y ! » Et ils passèrent sains et saufs.

Arrivés de l’autre côté, ils regardèrent : le soleil baissait, l’horizon commençait à se mettre au rose, mais le sentier continuait et semblait enfin monter. « Dépêchons-nous de grimper » se dirent-ils, « il ne s’agit pas d’arriver en retard. » Ils s’engagèrent en hâtant le pas et, à la tombée de la nuit, un peu essoufflés, ils se trouvèrent devant l’immense portail du ciel. Un silence absolu régnait. Les enfants s’étaient attendus à entendre de la musique, des répétitions de chants de Noël, certes atténuées par l’épaisseur de la porte, mais quand même.

Alors, timidement, ils frappèrent au portail. Rien ne bougeait. Ils frappèrent plus fort et encore plus décidés et encore plus fort. Enfin ils entendirent des pas lourds, un peu traînants, s’approcher de l’intérieur. Et le portail s’ouvrit un peu grinçant, l’espace d’une fente. La tête barbue de Saint Pierre apparut et il dévisagea les enfants d’un air étonné : « Que voulez-vous, les petits ? », « On est venu pour fêter Noël au ciel ce soir » dirent-ils avec une certaine assurance. « Ah ! » dit-il, en se lissant la barbe, « Mais voyons, le soir de Noël tout le ciel, Jésus et tous les anges descendent sur la terre. II n’y a personne ici. Ils sont tous descendus pour fêter Noël avec les hommes, avec tous les hommes, toutes les femmes, tous les enfants, filles et garçons, sages ou méchants. Ici le ciel est vide. »

Et il referma la porte.

Quand tous les repères sont bousculés, les temps comme celui de l’Avent et de Noël peuvent être comme des jalons sur notre chemin. Ces jalons sont intérieurs et personnels. Une chose est certaine, le Dieu dont parle la Bible se fait solidaire de notre humanité. Il ne le proclame pas seulement, il se fait l’un des nôtres. En Jésus, il nous rejoint. C’est dans les difficultés et le malheur que l’on reconnait les vrais amis. Prenez bien soin de vous. Joyeux temps de l’Avent et joyeux Noël.

Ecoutons : « Jesus bleibet meine Freude » de J.S.Bach BWV 147

Bénédiction : Dieu vous bénisse et vous garde sur tous vos chemins, des plus aplanit aux plus caillouteux. Réjouissez-vous de sa présence. Amen.

Pasteur Thierry Muhlbach.