Méditation 27 janvier 2021

«  Je le crois, je verrai la bonté de Dieu sur la terre des vivants. Prends cœur et espère en Dieu. » Ps 27, 13

Bienvenue à vous, lecteurs et lectrices de cette méditation.

Je vous propose aujourd’hui l’étude de la parabole des ouvriers dans la vigne qui se trouve au chapitre 20 dans l’évangile selon Matthieu.
Avant de commencer, je vous invite à chanter ou à écouter le cantique 21/03 dans notre recueil Alléluia afin de nous présenter devant Dieu :

Me voici, Seigneur, Sauveur

Je me rappelle bien : lors d’une visite à domicile, une dame me parlait de sa parabole préférée : celle de la brebis perdue et – retrouvée.
Mais la parabole des ouvriers dans la vigne, je l’aime beaucoup moins, disait-elle.
Moi aussi, je l’aime moins, cette histoire.
Comme dans toutes les paraboles que Jésus avait racontées il y a 2 côtés : Le côté image et le côté message. Les images utilisées pour décrire le royaume de Dieu sont tirées du quotidien des gens de l’époque. Souvent il s’agit des images de l’agriculture : de la semence, du blé, du pain, des plantes, des animaux domestiques. Ou bien, comme dans notre texte, de la vigne.

Le royaume de Dieu ressemble à l’histoire suivante : un propriétaire sortit tôt le matin afin d’engager des ouvriers pour sa vigne. Il répète cela encore trois fois, la dernière fois à 5 heures du soir. Tous les ouvriers reçoivent- nous le savons- le même salaire. Le côté image nous parle, nous pouvons nous imaginer très bien, ce qui se passe lors de la remise du salaire.

Mais maintenant le côté message. Et c’est ici que commencent nos difficultés ou notre perplexité face à cette parabole-ci. Il nous semble complètement injuste, illogique, déloyal, la manière dont le propriétaire agit. Dans beaucoup de commentaires théologiques il nous est proposé de comprendre cette injustice à l’aide d’une allégorie :

Dieu serait donc celui qui possède tout le pouvoir, celui qui donne ou qui enlève. Notre histoire serait une révélation du Dieu tout puissant dont on ignore parfois la logique. Dieu serait dans cette compréhension allégorique celui qui nous soumet à des destins parfois incompréhensible.

Que pensez-vous de cette interprétation de la parabole ? Je vous invite à réfléchir en écoutant cette mélodie :

Je crois cependant que la dureté, l’incompréhension de la parabole se situe ailleurs : Le royaume de Dieu, -Jésus l’a répété- est parmi nous. Comment s’en apercevoir ? Dans notre texte tout le monde s’attend à une récompense, un salaire adéquat et normal, on s’attend à une suite normale et habituée. Cela n’est pas faux, mais le royaume de Dieu se manifeste ici justement pas dans la logique des choses. La manifestation de la présence de Dieu est tellement bouleversante que tout ce que nous croyions n’est plus valable. Nos règles de justice, de la normalité sont bouleversées. Ce qui compte n’est plus calculable. Le royaume de Dieu ouvre une dimension de penser qui s’oriente à l’ouverture totale envers le monde.
Le fait d’être bouleversé, d’être touché par la logique de Dieu qui ne fait aucune différence nous fait prendre part à son royaume. Le fait de se faire toucher par une autre logique nous rapproche d’une compréhension divine : selon cette logique chaque être vivant est accepté comme il est et ce qui compte ne sont pas les résultats, les succès, les chiffres, mais le fait que chaque être humain est unique, car créé par Dieu.
Le cantique 41/17 nous parle de cette création :

Jésus a souvent dit aux gens : écoutez, ouvrez les yeux, regardez et vous allez comprendre.
On peut entendre sans écouter et voir sans regarder. Le Royaume de Dieu n’est pas quelque chose de visible, comme une maison par exemple qui saute aux yeux.
Mais on peut s’en apercevoir dans les moments aussi furtifs qu’ils soient où nous trouvons un peu de calme, où notre cœur se tait, où nous retrouvons un peu de confiance, une clarification peut-être de quelque chose qui nous a occupé pendant longtemps. Nous pouvons voir le royaume dans le moment où quelqu’un s’ouvre à nous, une entente se produit, une nouvelle période s’annonce. Le royaume de Dieu est visible là où nous commençons à comprendre.
Chaque ouvrier reçoit le même salaire. Pas logique mais divin : quoi que nous fassions nous sommes les fils et filles, les enfants de Dieu. Cela signifie aussi que les gens qui vivent avec nous, proche ou moins proche le sont : aussi ce voisin qui travaille beaucoup moins que moi et qui possède quand-même une villa est un fils de Dieu, pour donner un exemple.
Une telle perception du monde n’est pas facile. Jésus exige beaucoup de nous en nous racontant cette histoire.
Je crois en effet que la foi n’est pas quelque chose de facile, on n’a jamais un diplôme dans les mains. La foi est plutôt un chemin sur lequel nous avançons et nous reculons, nous recevons et nous donnons, nous comprenons et nous doutons, nous voyons et nous regardons, nous entendons et nous écoutons. Rien n’est jamais perdu sous les yeux de Dieu.     Amen

TABELAU DE VINCENT VAN GOGH : LA VIGNE ROUGE

« L’âme qui brûle d’amour, ne fatigue, ni se fatigue » S. Jean de la Croix

Que Dieu vous bénisse !                          Elisabeth Müller Renner, pasteure

Méditation 20 janvier 2021

Bonjour chers visiteuses et visiteurs de ce site. Je vous propose aujourd’hui la première partie de mes méditations sur le thème des noces à Cana. Jésus y accomplit son premier signe celui de changer de l’eau en vin. Comme j’aime beaucoup la musique classique, je vous propose également de cheminer avec des musiques de fêtes, aujourd’hui deux valses de Dmitri Shostakovitch.

Prière.

Merci pour le pain, le vent, la terre et l’eau.
Merci pour la musique et le silence.
Merci pour le miracle de chaque nouveau jour.
Merci pour les gestes et les mots de tendresse ;
Merci pour les rires et les sourires.
Merci pour tout ce qui m’aide à vivre
Malgré les souffrances et les détresses. .
Merci à tous ceux que j’aime et qui m’aiment
Et que ces mille mercis
Se transforment en une immense action de grâces
Quand je me tourne vers toi,
La source de toute grâce
Et le rocher de ma vie.
Dieu bon et miséricordieux,
Que ton nom soit béni à jamais ».
Jean-Pierre Dibois-Dumée.

Musique. Dmitri Shostakovitch. Valse N 3

Méditation. Jean 2.1 à 12. Noces à Cana.

Nous ne sommes vraiment pas à la fête en ce moment. La Covid comme l’attaque du Capitole aux Etats Unis ou les nouveaux troubles graves en République Centrafricaine, par exemple, nous empêchent par exemple de nous réjouir pleinement.

Le premier signe que Jésus pose au tout début de son ministère par le célèbre changement de l’eau en vin lors de noces à Cana peut servir de modèle pour appréhender mieux les bouleversements et les changements auxquels nous sommes confrontés. Voici une première piste de réflexion. Mes prochaines méditations en comporteront d’autres.

Le récit parle en premier lieu, à mon avis, de manques et de vides. En effet le vin de la fête est venu à manquer. Normalement c’est au marié de tout prévoir, d’autant plus que, du temps de Jésus les noces duraient une semaine et que les convives étaient souvent très nombreux. Le manque qui se fait ressentir risque de gâcher la fête et de faire passer le marié pour un pingre ou un imprévoyant. Avec la Covid et d’autres soucis actuels, les manques auxquels nous sommes confrontés sont nombreux : manque de relations sociales, manque de libertés ou manque de responsabilités, manque de confiance face à l’avenir et ainsi de suite. Les nombreux avertissements lancés par des scientifiques en matière de pandémies qui feraient des ravages dans un monde globalisé comme le nôtre n’ont pas été pris au sérieux.

Dans notre passage nous constatons également un grand vide, celui des six jarres qui normalement doivent contenir de l’eau pour les ablutions et les gestes de purification. Outre le fait que la Covid nous oblige à de constantes ablutions au gel hydroalcoolique, elle révèle aussi un certain vide dans bien des existences. Vide de sens, vide de raison d’être, vide d’espérance. De plus, les jeunes générations sont particulièrement inquiètes. Les accuser d’êtres à l’origine du regain de virulence de la pandémie est non seulement culpabilisant pour eux mais aussi injuste et absurde. Avoir 20 ans dans notre contexte est bien plus angoissant et insécurisant que pour bien des générations précédentes.

Dans notre passage deux attitudes face aux manques et aux vides peuvent être constatées.

Le marié et le maître du repas se voilent la face. Une fois que Jésus a accompli le signe du changement de l’eau en vin ils sont mêmes sceptiques voire critiques au lieu d’êtres reconnaissants. Ils ne se posent pas même la question, pourtant essentielle, de leur implication dans ce fiasco duquel Jésus les délivre.

La mère de Jésus, car c’est toujours ainsi que Jean l’appelle, écoute et se rend compte de la situation de manque. Alors que ce n’est vraiment pas son rôle, c’est elle qui s’adresse à son fils et lui expose la situation. Elle a le courage de regarder le manque et le vide en face. Pour moi c’est de loin cette seconde attitude qui est la plus intéressante : regarder les manques et les vides en face est le premier pas pour les comprendre et réagir. C’est à cela d’abord que le récit de ce premier signe que Jésus fait à Cana nous invite.

Prière.

Seigneur,
Ouvre en moi
Un espace de lumière chassant mes ténèbres
Ouvre en moi
Un espace de courage chassant ma crainte
Ouvre en moi
Un espace d’espérance chassant mon désespoir
Ouvre en moi
Un espace de paix chassant mon trouble
Ouvre en moi
Un espace de force chassant ma faiblesse
Ouvre en moi
Un espace de pardon chassant mes péchés
Ouvre en moi
Un espace de tendresse chassant ma dureté
Ouvre en moi
Un espace d’amour chassant ma haine
Ouvre en moi,
Un espace pour toi, Seigneur.
Howard Thurman

Musique. Dmitri Shostakovitch. Valse N 2.

Envoi. Dieu de la semence et Dieu des branches,
tu nous as fait la promesse qu’une graine de foi
serait suffisante pour déplacer une montagne,
ou mieux encore, pour faire un nid pour se percher.
Puissions-nous maintenant voir le fruit mûr
des graines plantées il y a longtemps
par des modèles importants et maternels,
qui nous ont chanté des hymnes
que nous pouvons encore fredonner,
qui nous ont donné l’exemple de la gentillesse,
de la bienveillance et de la force tranquille.
Donne-nous de croître dans année nouvelle
et de planter nous-mêmes
une graine qui déplace les montagnes,
un refuge pour nos envols de demain.
Corrymeela

Bénédiction. Que le Dieu de la vie vous bénisse et vous garde en tout temps et en tous lieux. Amen.

Pasteur Thierry Muhlbach