Mercredi 10 mars 2021

Bonjour chers visiteuses et visiteurs de ce site. Je vous propose aujourd’hui la seconde partie de mes méditations sur le thème des noces à Cana. Jésus y accomplit son premier signe celui de changer de l’eau en vin.

Mozart extraits du Requiem.

Prière.

Dieu, nous appelons pour que tu viennes !
Viens nous adosser à ta Parole où se lève demain !
Deviens visage parmi nous !
Reviens visiter nos vies essoufflées !
Viens !
Nous appelons pour que tu viennes !
Et si prier était autre ?
Non pas un « Vient ! »
Mais un « Nous voici ! »
Où nous est redonné,
Comme signe de toi,
Le désir d’être là
où la vie se blesse et rebondit ?
Si prier était une mémoire
Plutôt qu’une attente ?
Déjà tes pas, ô Père,
ont trouvé les nôtres.
Tu viens depuis les siècles des siècles,
mais c’est nous qui nous absentons
Retourne notre prière,
Dieu qui fais voir autrement
Et apprends-nous à te nommer
En veillant sur l’instant !

Francine Carillo

Méditation. Jean 2.1 à 12. Noces à Cana 2

 Lors de la précédente méditation autour des Noces à Cana nous avions constaté que ce signe aborde les thématiques du manque et du vide. Tout comme le temps du Carême nous sensibilise à des prises de distances, des changements et d’accueil du Christ mort et ressuscité, la méditation d’aujourd’hui met en avant les thématiques de la prise de distance, du changement et de l’accueil de la nouveauté.

3 « Comme le vin manquait, la mère de Jésus lui dit : « Ils n’ont pas de vin. ». 4 Mais Jésus lui répondit : « Que me veux-tu, femme ? Mon heure n’est pas encore venue. » 5 Sa mère dit aux serviteurs : « Quoi qu’il vous dise, faites-le. »

Une fois que Marie la mère de Jésus a osé exprimer le manque qui risque de ternir la fête (« ils n’ont pas de vin ») et qu’elle en a posé le constat devant Jésus, se produit en elle un changement profond. Ce changement est dû à la réponse de Jésus. Cependant n’allons pas trop vite et constatons à quel point ce dialogue entre Jésus et sa mère est ambigu. En effet, Marie ne demande pas à Jésus d’intervenir directement, de fournir du vin, elle pose juste un constat et c’est ce constat qui lui attire une réponse sèche, à la limite cassante : « que me veut-tu, femme ? Mon heure n’est pas encore venue ».
Il est possible de comprendre cette réponse comme une injonction que Jésus fait à Marie de se mêler de ce qui la regarde. Effectivement c’est le marié et le maître du repas qui doivent se soucier du vin. Ce n’est ni l’affaire de Marie ni celle de Jésus. Dans cette situation la parole de Jésus : « mon heure n’est pas encore venue » déplace cependant les choses. Jésus parlerait-il dès le début de son ministère de son heure, de la fin de son ministère terrestre trois années plus tard ? L’heure de laquelle il s’agit est-elle ce temps de la souffrance, de la mise à mort de Jésus et de sa résurrection au matin de Pâques ?
Ce qui est clair c’est que Jésus met une distance entre lui et sa mère, entre lui et toutes celles et ceux dont il va croiser le chemin. Marie comprend que Jésus est bien plus que le fils issu de sa chair. En proclamant aux serviteurs : « Quoi qu’il vous dise, faites-le. », Marie passe du statut de mère à celui de disciple de Jésus. Elle témoigne de sa foi inconditionnelle en Jésus. Son « quoi qu’il vous dise faites-le » est immense, grandiose, magnifique !
La distance entre Jésus, sa première disciple Marie et les autres disciples évite des relations fusionnelles et confusionnelles ! Par là même, toutes les formes de fanatisme ou de fondamentalisme sont rejetées, c’est de cette prise de distance, de cette mise à distance, que peuvent naître des espaces qui permettent à la vie de jaillir telle une source désaltérante.
Dans les Évangiles ce ne sont que Dieu et son Fils qui sont un, sans distance entre eux, sans espace. Ce ne sont qu’eux qui sont liés de façon si intime qu’ils ne font qu’un.
Tout cela Marie le reconnaît lors du signe à Cana et surtout au pied de la croix. Sa foi en Jésus est immense.

Prière.

Résurrection
Un mot qui garde sa part de mystère
et d’interpellation
au cœur de nos vies et de notre monde
où la mort prétend avoir le dernier mot.

Résurrection
Une confession de foi qui garde sa part de doute
lorsque nous nous trouvons devant les impasses et les tombeaux
lorsque nous voyons la puissance des forts
et l’impuissance des faibles
Résurrection
Une proclamation qui garde sa part de folie
face à ce que nous considérons comme nos sagesses
et comme nos connaissances
Jésus est ressuscité !
C’est une parole que peuvent risquer des témoins
lorsqu’elles ont entendu l’appel de leur nom
lorsqu’ils ont été relevés de leurs paralysies
lorsqu’elles ont été mises en marche par un geste de tendresse
lorsqu’ils ont retrouvé leur dignité en recevant le pardon
lorsque l’Éternel nous a rejoints sur nos chemins
pour partager l’essentiel.

Maurice Cardol.

Bénédiction.

« Dieu vous béni et vous garde,
Il vous donne la paix pour chaque jour,
Une main pour vous protéger
Un souffle pour vous guider
Un élan pour espérer. »

Lacrimosa (Requiem de W.A. Mozart) – Ensemble Sottovoce

Thierry Muhlbach. Pasteur.

Méditation du 3 mars 2021

Bonjour et bienvenue cordiale à vous qui nous rejoignez pour ce temps de méditation.

Pour commencer

Suite n°2  in B minor BMW1067 (J.-S. Bach)

Seul-e-s ceux et celles
qui marchent

au fond
de leur pauvreté

savent que
tout est don

ils-elles vont
le front délié

assez délivré-e-s
d’eux-elles-mêmes

pour
entendre

sous ce que
d’autres

nomment
silence

le chant
agenouillé

de la subtile
Présence.

(d’après une prière de Fr. Carrillo, In Le Sable de l’instant Ed. Ouverture)

2 Corinthiens 4, 6-10

Car le Dieu qui a dit : Que la lumière brille au milieu des ténèbres, c’est lui-même qui a brillé dans nos coeurs pour faire resplendir la connaissance de sa gloire qui rayonne sur le visage du Christ. Mais ce trésor, nous le portons dans des vases d’argile, pour que cette incomparable puissance soit de Dieu et non de nous. Pressés de toute part, nous ne sommes pas écrasés ; dans des impasses, mais nous arrivons à passer ; pourchassés, mais non rejoints ; terrassés, mais non achevés ; sans cesse nous portons dans notre corps l’agonie de Jésus afin que la vie de Jésus soit elle aussi manifestée dans notre corps.

Méditation

L’autre jour, j’ai accompagné ma mère lors de sa première injection du vaccin en vue d’être « protégée » contre le COVID.
J’ai découvert à cette occasion l’imposante organisation mise sur pied par notre Canton pour procéder à cette opération massive.
Accueil bienveillant et enjoué d’une jeune femme à l’entrée du centre et attente intriguée dans un grand espace, en compagnie d’une 20 aine de personnes pour la plupart âgées.
Ensuite, la prise en charge se déroule allégrement: jeunes femmes et jeunes hommes ou membres de la Protection civile s’activent tour-à-tour, auprès de nous, selon une chorégraphie déjà bien rodée. Cette « usine à injection », pour reprendre les termes d’ARCINFO, fourmille de jeunes gens aimables et efficaces.
Nous ressortons du centre satisfaites et sereines. Merci !

Depuis lors, je repense souvent à toutes ces personnes croisées à cette occasion, personnes qui, à l’exemple de ma maman, sont en attente d’une « protection » afin de renouer peu-à-peu avec une vie sociale, amicale, familiale « normale » et sécure.


Alors, je me mets à rêver.
Ah, si seulement…. il existait un vaccin qui protège contre les accidents, ou les coups durs, ou les malheurs….
Un vaccin contre la tristesse, la dépression ou le non-sens que tant de personnes ressentent durement actuellement.
Un autre vaccin encore contre le cancer et toutes ces sales maladies.
Et un autre contre les inégalités sociales, la misère, les conflits.
Et encore un autre contre le mal !

Me voici, en un clin d’œil, plongée dans la grande aspiration humaine à la maîtrise, à la toute-puissance.
Être vaccinée et devenir invulnérable, toute-puissante !

Est-ce que ça vous arrive aussi, à vous, de rêver pareillement ?

Alors, je vous/nous dédie cette prière :

Le problème

Le problème avec toi, mon Dieu
C’est que tu « fais avec » !
Tu fais avec ce qui ne va pas
dans le monde, ou en moi, ou chez les autres.
J’aimerais tellement que tu uses de ta toute-puissance
pour secourir notre humanité.

Le problème avec toi, mon Dieu
C’est ton fils !
Il ne nous a laissé aucun truc
pour accomplir des miracles.
Il n’a même pas voulu transformer les pierres en pain.

Le problème avec toi et ton fils, mon Dieu
C’est que votre « non-puissance » s’ajoute à la mienne !
Je n’y vois pas un manque d’amour, mais au contraire,
le gage de ma liberté, de ma pleine humanité.

C’est le respect de mon chemin, forcément tortueux.
C’est votre amour du petit, du fragile, du cabossé.

Le problème avec toi, mon Dieu
C’est que c’est toi qui as raison !

(Doris Ziegler in Vivre, prier & méditer Ed. Olivétan)

Bénédiction

Bonne journée à chacun-e !
Que cette journée soit belle… toute en fragilité !
Et que Dieu, qui toujours « fait avec », vous bénisse et vous garde dans son Amour. Amen

Si ça vous dit, pour poursuivre, une chanson…
Une chanson d’Anne Sylvestre qui dit tout en douceur nos fissures et nos fragilités.
Les gens qui doutent (A. Sylvestre)

Francine Cuche Fuchs, pasteure