Méditation mercredi 16 juin 2021

« Le royaume de Dieu est justice, paix et joie dans l’Esprit Saint. Viens Seigneur, et ouvre en nous les portes de ton royaume »
Soyez tous et toutes les bienvenus pour la méditation de ce jour d’été.

Pour nous mettre devant Dieu, créateur de tout qui vit, je vous invite à chanter ou à écouter le cantique « les cieux et la terre célèbrent en choeur.. », dans notre psautier : ALLELUIA 41/17

Je vous invite aujourd’hui à réfléchir sur la beauté et la confiance. Commençons par le texte biblique :

Dans l’évangile de Matthieu au chapitre 6 nous lisons aux versets 28 à 30 :
« Pourquoi vous inquiétez-vous au sujet des vêtements ? Observez comment poussent les fleurs des champs : elles ne travaillent pas et ne tissent pas des vêtements. Pourtant, je vous le dis, même Salomon, avec toute sa richesse, n’a pas eu de vêtements aussi beaux que l’une de ces fleurs »

TABLEAUX DU PEINTRE EMIL NOLDE

Laissez-moi poursuivre avec une histoire : Un vieil homme juif se trouve sur un balcon, un soir pendant un orage et regarde Jérusalem. Il était parti vivre en Israël après la guerre. Et pendant que les éclairs et le tonnerre déchirent le ciel, l’homme se souvient que dans l’enfer du camp, sa seule consolation était ce sur quoi les nazis n’avaient aucun pouvoir :le tonnerre, les éclairs, les étoiles, les nuages, le crépuscule, la pluie, le bleu du ciel, le vert des arbres plus loin, le jaune des rayons de soleil. Le fait que la nuit tombe et que le jour se lève. « C’est dans ce monde que je me suis transporté en pensées, chaque heure où j’étais éveillé », dit il.

MUSIQUE : Taizé : Qui regarde vers Dieu resplendira, sur son visage plus d’amertume

C’était alors le printemps en Galilée et les journées pluvieuses et plus chaudes avaient transformé lentement ce qui était desséché en étendues mouvantes et ondoyantes de fleurs de toutes espèces. Des anémones, des bleuets, des marguerites, des coquelicots, des lis blancs, des tulipes sauvages, de la camomille et au milieu-Jésus.

« Regardez les oiseaux du ciel, observez les lis des champs. »
Ces messagers ailés et libre du ciel, ces témoins de la vie qui nous enseigne.
Regardez donc derrière vos sécurités, vos armures à quel points ils évoluent sans protection dans le vent et s’élèvent dans les airs- calmes et sereins.
Regardez : la vie n’est pas une récompense pour une prestation fournie, elle n’est pas due à nos luttes et à nos peines. La vie est un don, une bénédiction, une promesse. Regardez donc les lis dans les champs : il leur suffit d’être ce qu’ils sont et devraient être : les lis dans les champs ne se soucient pas d’être des roses ou des chênes.
Regardez encore : la vie signifie beaucoup plus qu’utilité et profit.
Et non, les déclarations à propos des lis des champs et des oiseaux n’ont rien à voir avec une vision romantique. Jésus n’appelle pas à la vie des fleurs et des oiseaux mais à prendre conscience de ce qui a été créé et des êtres créés. L’inquiétude à propos de nos lendemains nous empêche parfois de voir la beauté du monde et sa souffrance criante.
C’est pourquoi : regardez, regardez bien et comprenez.

Ecoutons maintenant la chanson de Josh Groban, You raise me up.

https://www.youtube.com/watch?v=Wg-Dt2sCVS4

Le vieux juif qui se tient de nuit sur sa terrasse qui surplombe Jérusalem a trouvé une consolation dans ce qui échappait à la monstruosité et à l’injustice. Même si nous avons l’impression que rien ne s’améliore, la Terre conserve son souffle. Et la beauté, la chose apparemment la plus inutile dont le ciel s’est paré continue à rayonner de mille éclats. Et la bonté qui cherche à préserver notre maison commune pour tous et tout ce qui respire ne s’épuisera jamais.
Regardez les oiseaux du ciel et les lis des champs.    Amen

Élisabeth Müller Renner, pasteure

Méditation mercredi 9 juin 2021

Bonjour et bienvenue à vous, lectrices et lecteurs de ces méditations du mercredi. Je vous propose aujourd’hui la première partie d’une série de quatre méditations ayant pour thème la rencontre de Marthe et Marie avec Jésus selon Luc 10.38-42. Cette rencontre, à première vue toute simple, est en réalité assez énigmatique. Quel message a voulu nous faire entendre Luc en la racontant ? Luc est en effet le seul des quatre Évangélistes à avoir conservé ce récit. Par ailleurs que signifient l’attitude et les paroles de Jésus qui semblent si tranchées ? Alors bonne lecture et bonne écoute.

Musique : Hevenu Shalom Aleichem. Max Isa

Prière :

Seigneur,
Donne-moi de voir les choses à faire
Sans oublier les personnes à aimer,
Et de voir les personnes à aimer
Sans oublier les choses à faire…
Donne-moi de voir les vrais besoins des autres…
C’est si difficile
De ne pas vouloir à la place des autres,
De ne pas répondre à la place des autres,
De ne pas décider à la place des autres…
C’est si difficile, Seigneur,
De ne pas prendre ses désirs
Pour les désirs des autres,
Et de comprendre les désirs des autres
Quand ils sont différents des nôtres…
Seigneur, donne-moi de voir
Ce que tu attends de moi parmi les autres…
Enracine au plus profond de moi cette certitude
Qu’on ne fait pas le bonheur des autres sans eux…
Seigneur,
Apprends-moi à faire les choses en aimant les personnes.
Apprends-moi à aimer les personnes
Pour ne trouver ma joie
Qu’en faisant quelque chose pour elles,
Et pour qu’un jour elles sachent,
Que toi seul, Seigneur, est l’Amour !

Dans : Une Bonne Nouvelle ça se partage – DEFAP PARIS 2005

 Méditation. LUC 10, V. 38 À 42

Aujourd’hui c’est une première façon d’interpréter et de comprendre ce récit de rencontre que j’aimerai vous présenter. Cette explication de notre texte prédomine au Moyen Âge et à l’époque classique ; on la rencontre encore souvent aujourd’hui. Pour cette interprétation l’affirmation centrale est la supériorité du spirituel sur le matériel.

À l’exemple de Marthe, « absorbée par les nombreux soucis du service », dit le texte au verset 40, nous avons tous de multiples occupations familiales, professionnelles, associatives etc qui accaparent et nos forces et notre attention. Ces occupations ne laissent, en fin de compte que très peu de place pour le spirituel qui est négligé voire oublié. Marthe agit comme la plupart d’entre nous : elle accomplit d’abord les tâches qui lui incombent, elle se consacre avant tout à ce qu’elle doit faire. Ce n’est qu’une fois ce devoir accompli, et, s’il lui reste des forces et du temps, qu’elle peut se consacrer à l’aspect spirituel de la vie.

Chez Marie il en va tout autrement. Pour elle, le spirituel prend clairement la première place, « Marie sa sœur, s’assit aux pieds de Jésus et écoutait ce qu’il disait » v39. Elle écoute le Christ, elle stoppe toute autre activité et s’assied à ses pieds, immobile et réceptive. Jésus, lui, semble privilégier l’attitude et les choix de Marie par les versets 41 et 42 par lesquels il affirme que Marie a choisi la bonne part.

Au Moyen Âge, beaucoup d’auteurs avancent ainsi l’idée de la supériorité radicale de la vie dans les monastères (Spirituelle) sur celle dans le monde (Matérielle). Marie, qui contemple et écoute le Christ, symbolise, selon eux, le moine ou la moniale dans son couvent, tandis que Marthe représente les laïcs, que leurs tracas et leurs travaux éloignent de la vie spirituelle. La bonne part serait donc la vie monastique et par conséquent la mauvaise part la vie dans le « monde ».

Cette affirmation n’a pas plu aux réformateurs du 16ème siècle. Calvin par exemple, accuse cette interprétation de « vilainement pervertir » l’Évangile. Il refuse l’oisiveté pieuse ou la paresse sacrée qui tente constamment les spirituels selon lui et qu’ils cachent souvent sous de beaux noms comme dévotion, adoration, méditation, contemplation ou prière intense.

Luther, ancien moine, s’engage dans le monde, fonde une famille et affirme que la spiritualité chrétienne doit amener le croyant vers le monde. Les Réformateurs soulignent que le croyant ne doit pas négliger le spirituel dont il faut s’occuper et qu’il s’agit de cultiver, mais qu’il ne faut pas et Calvin le souligne fortement, opposer le matériel et le spirituel. La spiritualité doit s’exercer et se manifester dans le métier exercé, dans la vie de famille, à l’atelier, les champs ou la cuisine, et non pas ailleurs, au dehors et en marge des activités quotidiennes.

Voilà exposée une première compréhension qui a suscité et suscite encore bien des débats. Pour moi la vie spirituelle et la vie quotidienne sont intimement liées, une vie spirituelle riche permettant d’irriguer le quotidien et de relever les nombreux défis qu’il pose. Nous verrons par la suite quelles autres interprétations il est possible donner à ce passage de Luc.

Confession de la foi :

Je crois en un Dieu d’amour, sans calcul ni arrière-pensée, qui dans la folie de cet amour, nous accepte tels que nous sommes : homme d’affaires ou bien migrant, délinquant ou chef d’État, petit enfant ou homme de loi. Dieu par exemple de mère Teresa, de Caïn, de Zachée, de Martin Luther King, j’aime ce Dieu, ce Père qui a lui-même inscrit mon nom au nombre de ses enfants.
Dans sa bonté, il nous donne Jésus-Christ, son Fils, homme vivant parmi nous, et qui accepte notre choix en échange de sa vie, éternellement.
Par la puissance de son amour, il nous insuffle élan et joie de vivre, heureux de notre valeur d’être humain retrouvée, et libérés de toutes les fautes, les indifférences et les manques d’amour qui détruisent notre dignité et notre espérance.

Musique :  The Sound of Klezmer. Maxim Solniker

Bénédiction.

Béni soit l’être humain qui s’appuie sur Dieu.
Dieu sera son appui.
Il sera comme l’arbre planté près des eaux qui pousse ses racines vers la fraicheur du courant.
Quand vient la chaleur, l’épreuve, l’angoisse son feuillage reste vert, sa foi et son espérance intacts. D’après le Psaume 1.

Pasteur Thierry Muhlbach