Méditation mercredi 13 octobre 2021

Photo Damaris Muhlbach

Bonjour cher-e-s lectrices et lecteurs de ces méditations publiées sur le site de la paroisse La Chaux-de-Fonds. Aujourd’hui je vous propose la quatrième et dernière méditation au sujet de la rencontre de Jésus avec Marthe et Marie. Les compréhensions d’un texte biblique sont toujours multiples et je vous remercie d’avoir accepté de cheminer ainsi avec moi et de prendre en considération cette belle diversité. Bonne lecture et bonne écoute à vous toutes et tous.

Musique : Camille Saint-Saëns Fantaisie pour violon et Harpe.

Prière de Howard Thurman

Seigneur,
Ouvre en moi
Un espace de lumière chassant mes ténèbres
Ouvre en moi
Un espace de courage chassant ma crainte
Ouvre en moi
Un espace d’espérance chassant mon désespoir
Ouvre en moi
Un espace de paix chassant mon trouble
Ouvre en moi
Un espace de force chassant ma faiblesse
Ouvre en moi
Un espace de pardon chassant mes péchés
Ouvre en moi
Un espace de tendresse chassant ma dureté
Ouvre en moi
Un espace d’amour chassant ma haine
Ouvre en moi,
Un espace pour toi, Seigneur.

Méditation 4. Luc 10. 38 à 42

Pour la quatrième et dernière méditation au sujet de la rencontre de Jésus avec Marthe et Marie je vous propose une lecture plus « ecclésiale ».

Après l’ascension de Jésus les chrétiens se sont retrouvés au moins avec deux questions essentielles. Comment poursuivre la communion avec le Christ et comment sa présence va-t-elle pouvoir désormais se manifester ? Comment, en d’autres termes, faire Eglise alors que Jésus n’a laissé aucune instruction à ce sujet ?

Luc 10 semble permettre de répondre à ces défis. Ainsi Marthe en s’activant, en agissant croit se conformer à la volonté de Jésus, elle espère qu’il va l’en féliciter. Au Moyen Âge le catholicisme insiste sur les œuvres, sur les actes de piété et de charité ; il invite les fidèles à gagner leur salut par leurs œuvres et leurs mérites.

Marie, au contraire, est en communion avec Jésus par le fait qu’elle écoute ce qu’il dit et enseigne. Elle s’en remet à Jésus et ne compte pas sur elle-même, ni sur des actes ou des œuvres. Ce que sa sœur d’ailleurs va lui reprocher implicitement.

De même, la Réformation Protestante, va proclamer que l’être humain est sauvé non pas par ses propres forces, les actes ou la valeur d’un individu, mais bien « par la grâce seule et par le moyen de la foi seule ». C’est ce que le Christ Jésus donne et ce que l’humain reçoit gratuitement de lui qui sont essentiels. Il ne s’agit pas, d’abord, de faire quelque chose, mais, avant tout, de recevoir et de se laisser transformer par la Parole de Dieu.

Ainsi selon cette lecture de Luc 10 Jésus est présent dans le monde par sa parole et son enseignement et seulement après par le fait de partager le repas préparé par Marthe. La prédication et l’enseignement arrivent avant la célébration du repas, de la Cène.

Par conséquent Luc 10 contient en germe la compréhension protestante de la foi chrétienne et la compréhension catholique. La première mettant en avant l’enseignement et la prédication, l’explication de la Parole, la seconde insistant sur le côté plus sacramentel de la foi chrétienne.

Pour conclure ces méditations je voudrai partager avec vous quelques remarques :

Le Nouveau Testament ne récuse pas les œuvres, il les subordonne seulement à l’écoute et à l’enseignement de la Parole.

Les frontières entre les deux façons de comprendre la foi chrétienne et de la vivre ne se situent pas exclusivement entre les églises. Les deux tendances sont à mon avis présentes aujourd’hui dans toutes les églises, comme aussi en chaque croyante ou croyant.

On trouve des Marthe attachées aux œuvres et aux sacrements dans le protestantisme. Il existe des Marie centrées sur le don de Dieu et sur la Parole dans le catholicisme.

Enfin j’aimerai insister au terme de ces quatre méditations sur le fait que Jésus ne rejette pas Marthe. Choisir la mauvaise part, ce n’est pas ne rien recevoir, n’avoir aucune part. Jésus invite seulement Marthe à changer. De même le texte ne nous permet pas de juger qui est du côté de Marie ou du côté de Marthe, ni de dénigrer les Marthe d’aujourd’hui, ou de mettre les Marie d’aujourd’hui sur un piédestal.

Toutes et tous nous sommes surtout appelés à nous mettre à l’écoute de l’évangile et à le laisser nous transformer.

Prière de Maurice Zundel

Seigneur Dieu,
Amour qui se propose à mon alliance,
qui suscite en moi la vie,
Feu brûlant qui ne s’éteint jamais,
Aide-moi à faire de moi,
dans le silence et l’effacement absolu,
un espace illimité,
pour que ta Présence Infinie, de lumière et d’amour, y naisse et s’y révèle.
Apprends-loi à te découvrir sans cesse,
et sois la respiration de ma vie, mon ciel intérieur,
mon soleil caché, ma tendresse,
et que je puisse, par ta grâce, refléter ton visage à toutes mes sœurs et tous mes frères.

Musique. Camille Saint-Saëns concerto pour violon N 3

Bénédiction

Que la route monte à votre rencontre
Que le vent soit toujours dans votre dos
Que le soleil brille sur votre visage
Que les pluies tombent doucement sur vos champs
Et que, jusqu’à ce que nous nous revoyions
Dieu vous tienne dans la paume de sa main. Amen

Pasteur Thierry Muhlbach.

 

Méditation mercredi 6 octobre 2021

Bonjour et bienvenue cordiale à vous qui nous rejoignez pour ce temps de méditation.

Pour commencer…

«Bénis Dieu ô mon âme»  interprété par la Chorale Psalmodie

Au lendemain de Paroisse en fête, notre traditionnelle fête paroissiale, je suis encore toute pleine de visages rencontrés, d’échanges vécus, de scènes glanées au cours de cette journée.
Une fête de paroisse renvoie au fond à la question de nos attentes à l’égard de la vie en Église, de ce qu’est l’Église, la Paroisse, de ce qu’elle devrait être.

Lieu ouvert et fraternel
Lieu de rencontres, de partages
Lieu d’écoute d’une Parole
Lieu de questionnement autour du sens de la vie
Lieu d’engagement
…… liste non exhaustive !

Paroisse en fête 2021 : présentation par D. Brandt et K. Phildius de la mosaïque communautaire réalisée entre 2020 et 2021.

Récemment j’ai lu avec beaucoup d’intérêt une réflexion (transcrite ci-dessous) de Rita Famos, pasteure et Présidente de l’Eglise évangélique réformée de Suisse (EERS).
Elle exprime sa compréhension de l’Eglise aujourd’hui en commentant le verset suivant :
«N’aie pas peur, petit troupeau ; car il a plu à votre Père de vous donner le Royaume.» (Luc 12, 32)

«Ce verset de l’Evangile peut facilement tromper. Je ne veux pas nous consoler avec l’idée un peu facile que «small is beautiful» (Petit, c’est beau). Car, en fait, nous ne sommes pas si petits que ça ! Environ 2 millions de personnes en Suisse sont de confession réformée. Globalement, nous sommes une Eglise d’une incroyable richesse, faisant partie d’une communion d’Eglises qui est en croissance à l’échelle mondiale. Non, il ne s’agit pas ici d’une description numérique, mais d’une description symbolique de la nature de l’Eglise.
La promesse du Royaume de Dieu s’adresse à un «petit troupeau», et non à une «institution puissante». Si ce troupeau est petit, ce n’est pas parce qu’il se replie sur lui-même et se croit aujourd’hui incompris du monde. Ce n’est pas non plus à cause du nombre de ses membres. S’il est petit, c’est que Dieu n’a pas besoin qu’il soit plus grand, plus important, pour faire venir son Royaume dans le monde.

Comment pouvons-nous être Eglise pour que ce Royaume de Dieu rayonne déjà aujourd’hui dans le monde ? Nos 2000 ans d’histoire nous montrent que nous n’y sommes pas mieux parvenus en tant qu’Eglise imbue de pouvoir et sûre d’elle-même, que sous une forme plus modeste, hésitante ou menacée. Ce qui m’inspire, ce sont les épisodes de notre histoire dans lesquels de petits mouvements, donc de petits troupeaux, ont commencé à faire une différence : la solidarité vivante des premières communautés chrétiennes, l’engagement autocritique à l’époque de la Réforme, l’Eglise confessante sous le régime nazi, les femmes qui commencèrent il y a 100 ans à lutter pour leurs droits et pour l’égalité dans l’Eglise. Voilà notre tradition.
En tant que «petit troupeau à qui est confié le Royaume de Dieu», en tant que «grain de moutarde, la plus petite de toutes les semences, qui devient un si grand arbre», en tant que «levain, qui fait lever toute la pâte», ou en tant que communauté de foi qui, avec Paul, sait que la puissance de Dieu se révèle dans la faiblesse. Toutes ces images bibliques m’incitent, et j’espère nous incitent toutes et tous, à la modestie ainsi qu’à porter un témoignage joyeux et authentique à la Parole de Dieu là où nous sommes appelés.

Le petit troupeau ne s’arc-boute pas contre le monde, il ne se tourne pas, craintif, vers le passé. Il sait que Dieu lui donne sa confiance pour que son Royaume vienne dans ce monde. Le monde tel qu’il est aujourd’hui n’est pour nous pas une menace, mais une chance. Le troupeau est curieux des voies et sentiers que Dieu aimerait emprunter avec lui pour atteindre son but et lui faire don de son Royaume. Avec courage, il se met en route pour les villes et villages ou les communautés où le Seigneur l’envoie. Nous n’entonnons pas le chant du cygne, mais attendons impatiemment, ici et maintenant, le tournant de l’histoire que Dieu écrit avec son monde.
Si nous devenons plus petits et plus faibles institutionnellement, nous n’y voyons pas un signe comme quoi le Royaume de Dieu pourrait peut-être ne pas venir. Nous avons confiance en ce que Dieu, surtout dans le monde postmoderne actuel, n’a pas besoin d’une institution puissante pour nous faire vivre dans son Royaume ou pour changer le monde. Il a besoin de réseauteuses et de réseauteurs, de groupements issus de la base, de nouveaux lieux d’expérimentation. De chrétiennes et de chrétiens qui expriment en toute liberté dans le débat social ce qui les convainc et les anime.

Car même si nous ne faisons pas de politique, nous sommes politiques, au sens que nous nous investissons dans la polis, dans la vie publique. Nous ne nous replions pas dans la sphère privée, mais nous ne sommes pas non plus un parti politique ou une ONG. En tant qu’Eglise, nous offrons un espace entre vie publique et vie privée où des chrétiennes et des chrétiens se penchent sur les questions de notre temps, fondés sur leur projet de vie chrétien présentant alors leurs idées, leurs ébauches de solution au débat public, dans leur réseau ou dans leur milieu professionnel. Avec courage et entrain.»

Rita Famos, article paru dans le Bulletin de la Société pastorale Suisse, n°3/ 2021

Prière pour l’Église

Seigneur Dieu,
Tu as toujours renouvelé la vie de ton Eglise, depuis le début.
Nous voici tels que nous sommes : nous cherchons si souvent à faire vivre ton Eglise par nous-mêmes en oubliant qu’elle ne vit que par ton Fils présent en chacun des tiens.
Libère-la du souci d’elle-même et de ses lendemains.
Donne-lui de ne jamais oublier qu’elle reçoit tout de toi et qu’elle ne vit que de toi.
Fais d’elle une Eglise pour les autres.
Montre-nous comment vivre ensemble une vie plus conforme à ta volonté.
Inspire ton Eglise. Accorde-lui ferveur, courage et amour pour qu’elle témoigne du Christ, à tous.tes. Amen

in Prières de chez nous, éd. Ouverture-OPEC

Bonne journée à chacun.e !
Que notre Seigneur vous bénisse et vous garde.
Qu’Il renouvelle vos forces et votre élan dans vos engagements.

Pour poursuivre…

«Ne crains rien»  Manu Richerd et la Chorale Psalmodie

Francine Cuche Fuchs, pasteure