Méditation mercredi 27 octobre 2021

Lundi prochain 1er novembre, pour nos frères et sœurs catholiques, c’est la fête des Saints. Beaucoup de familles vont se recueillir dans les cimetières sur les tombes de leurs défunts. Dans certains pays, ils appellent cela la fête des Morts…

Et nous protestants, que faisons-nous ? Pas grand-chose… Ou pas tout à fait vrai : depuis quelques années, nous célébrons des cultes du souvenir qui ont pour but non pas de célébrer les morts mais de se souvenir de celles et ceux qui nous ont quitté, de ne pas les mettre aux oubliettes, pour pouvoir prendre conscience de ce qu’ils ont été pour nous, être conscients des traces de leurs présences dans nos vies, dire merci pour cette présence. Ces cultes du souvenir sont l’occasion de méditer aussi sur le sens de la mort et de de la résurrection.

La mort et la vie font partie de nos vies, le nier c’est nier notre humanité ! C’est pourquoi à l’approche de cette « fête » du 1er novembre, j’avais envie de méditer à la lumière de l’Evangile ce grand mystère de la mort pour éclairer nos vies !

Prière d’ouverture
Seigneur, il est bon de te louer, toi qui nous éveilles dès le matin à ta Parole de Vie.
Nous t’en prions : que cette Parole ouvre un passage de lumière dans nos cœurs assombris par la perte, le deuil, les conflits, les désillusions, les mauvaises nouvelles. Nous le reconnaissons : il y a des jours où nous sommes captifs de nos tristesses, de nos défaillances passées et de nos peurs, Il y a des jours où nous aimerions que les choses se soient passées autrement… Nous t’en prions : toi qui te tiens au seuil des tombeaux où nous nous enfermons, ouvre nos oreilles à ton appel,  ouvre nos cœurs à ta présence et à la confiance! Amen.

Trouver dans ma vie ta présence (Vox Angeli, Gloria)

Jean 11, extraits : Jésus ressuscite Lazare (version Bible des Peuples)
(…) 21 Alors Marthe dit à Jésus : “Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. 22 Pourtant je sais que tu peux tout demander à Dieu, et Dieu te l’accordera.” 23 Jésus lui dit : “Ton frère va se relever.” 24 Marthe lui dit : “Je sais qu’il se relèvera au dernier jour, celui de la résurrection.” 25 Jésus lui dit : “C’est moi qui suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il vient à mourir, vivra. 26 Le vivant, celui qui croit en moi, ne mourra pas pour toujours. Crois-tu cela ?” 27 Elle répondit : “Oui Seigneur, je crois que tu es le Christ, le Fils de Dieu, celui qui vient dans le monde.” (…)

32 Mais lorsque Marie arriva là où était Jésus, dès qu’elle le vit elle tomba à ses pieds. Elle lui dit : “Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort.” 33 Jésus vit qui se lamentait, et tous les Juifs qui reprenaient la lamentation, son esprit en fut secoué et il se troubla. 34 Il dit : “Où l’avez-vous mis ?” Ils répondirent : “Seigneur, viens voir.” 35 Et Jésus pleura. (…)

41 On soulève donc la pierre. Jésus lève les yeux au ciel et dit : “Père, je te rends grâces car tu m’as écouté. 42 Je savais bien que toujours tu m’écoutes, mais je le dis en pensant à ces gens qui m’entourent, car ils pourront croire que tu m’as envoyé.”
43 Puis Jésus appelle d’une voix forte : “Lazare, dehors, viens ici !”

44 Et voilà que sort celui qui était mort ; ses mains et ses pieds sont liés avec les bandes, et son visage est encore enveloppé du couvre-tête. Alors Jésus leur dit :
“Déliez-le, et qu’il puisse marcher !”

« La vie au coeur de la mort » Méditation sur Jean 11, 1-44

Ce récit nous apprend que nous pouvons avoir la foi en la résurrection mais nous ne pouvons pas éviter de douter face à la mort… Il y a tous les « si… », tous les reproches que nous nous disons, comme les deux sœurs : si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort…

Ce récit nous montre aussi que nous ne pouvons pas faire fi de nos émotions : Jésus lui-même frémit intérieurement, il se trouble… Lui qui est « la résurrection et la vie », il pleure. On le voit ici pleinement humain, sensible et touché, et en même temps pleinement divin dans ce lien qui le relie si fortement à son Père. La prière qu’il prononce devant le tombeau de Lazare montre cette confiance indéfectible qui le relie à Dieu : « Je te rends grâce que tu m’as exaucé… »

Les trois paroles de vie que Jésus prononce « Sors, déliez-le, laissez-le aller », peuvent résonner pour nous – dans tous les lieux que nous savons solidement cadenassés tout à l’intérieur : peurs, résistances, fermetures, rancunes, sentiment d’échec, remords, blessures. C’est un appel à la libération !

« Déliez-le, laissez-le aller » : c’est aussi ce que nous faisons au moment des adieux : laisser aller l’être aimé vers la nouvelle vie qui l’attend… Une vie où il sera enfin délivré de toutes ses chaînes, de toutes ses limites !

 Jésus prononce ces paroles de vie alors qu’il est en marche vers sa propre mort, et il le sait. Ainsi, la mort, le deuil, ne signifie ni l’absence de Dieu, ni son abandon.  Dans cette histoire, c’est au cœur même de l’expérience de la mort que se révèle la vie.

 Les épreuves ne nous sont pas épargnées ; la vraie question est : comment laissons-nous le Christ transformer nos chemins de croix en chemins de vie, de résurrection ?

Les émotions difficiles ne nous sont pas épargnées : comment est-ce que je vis en toute authenticité la tristesse, colère, peur, sans les renier ni leur laisser prendre toute la place ?

« Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; et tout homme qui vit et qui croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? »

 IL est question non pas de la résurrection à la fin des temps, mais de la résurrection ici et maintenant. La vie éternelle dès à présent, chaque fois que je me laisse conduire par la force du Souffle qui m’habite, que je laisse aller par la grâce de Dieu ce qui me tourmente, me chagrine, m’enferme pour m’ouvrir à la Présence, à la Grâce, à la Vie qui toujours renaît à chaque instant.

Prière : Seigneur, ton projet d’Évangile c’est de vivre en vérité, c’est de vivre la vie avec sincérité, de la vivre debout, de la vivre les yeux ouverts, le cœur ouvert, l’intelligence ouverte, même confronté à la mort, à la souffrance, au doute et à la désespérance. Fais-moi la grâce de m’abandonner en toute confiance à ton projet pour moi.

Heureux qui s’abandonnent à toi Ô Dieu dans la confiance du cœur, tu nous gardes dans la joie, la simplicité, la miséricorde (chant de Taizé)

Lazare de Jacques Chessex: ‘Cantique’
(Edit. Bernard Campiche – 1996)
Donne-moi d’être Lazare à tout instant
Et que pas une journée
Pas un fragment de ton Temps
Je n’oublie de sortir de la tombe
Qu’aucune heure ne s’écoule
seconde par seconde
Sans que je marche de l’ombre à l’air
Comme il fit
Je pourrais être mort comme lui
Non de maladie mais d’absence à la clarté
Mort d’aveuglement à la nécessaire nuit des choses
De vanité devant le mystère
Mort de fausse faim
Ah que je sorte de mes puits du dedans
Comme Jonas de la Baleine
Que j’échappe aux rampements de l’envie
Que me soient épargnés le pourrissement de la vraie chair
Si le regret devait la corrompre
Le durcissement du vrai cœur
Si l’effroi trop lui pesait
Que j’aille de l’ombre au jour
Ainsi Lazare se leva
Qu’à tout instant je quitte en moi
la part obscure
Et les fonds où je séjournais
Non pas trois jours comme tu fis
Toi qui ne connais ni haine ni erreur
Mais hors de ma nuit
Défait du fragment
Comme si j’étais déjà sans puits ni poids
Ayant lié la mort à la naissance
Au temps de l’Être

Envoi

Aujourd’hui retentit la parole du Christ : Sors, lève-toi !
Vois, la vie éternelle débute ici et maintenant !

La liberté, c’est un pas à la fois (Céliane)

https://www.youtube.com/watch?v=OGcNCnDLCq8

Refrain : Se lever, ouvrir ses bras, se lever et faire encore un pas et trouver les forces en soi, la liberté est à ce prix-là, c’est un pas à la foi !

Bénédiction

Que le Dieu de tendresse qui a levé Jésus d’entre les morts, vous libère de vos tombeaux, de ce qui est figé et paralysé, et vous conduise à la Vie ! Allez dans sa paix !

Dona nobis pacem (canon de Mozart, par le chœur, Laholms Manskör, St. Olai Motettkör)

En bonus :

Les chants de Céliane, c’est un baume pour le cœur !

https://www.youtube.com/watch?v=Gk5MSphZwSM

 Karin Phildius

 

Médiation mercredi 20 octobre 2021

« Que l’assoiffé vienne, que celui qui le veut reçoive l’eau de la vie, gratuitement »

Soyez, cher lecteurs et lectrices les bienvenus pour cette méditation à la fin du mois d’octobre.
Je vous invite à commencer par un chant qui se trouve dans Alléluia Nr 21/03 pour nous remettre devant Dieu :

Pendant les vacances d’été, avec mon mari, nous avons marché le long des bisses au Valais et nous avons pu contempler des affiches avec des photos et des explications sur la construction très aventureuse de ces bisses : les constructeurs donnent l’impression de travailler dans le vide, juste attachés par un fils.
Cette expérience m’a fait penser au Psaume 121 :

« Je regarde vers les montagnes :
Y a-t-il quelqu’un qui pourra me secourir ?
Pour moi, le secours vient du Seigneur,
qui a fait le ciel et la terre.
Qu’il te préserve des faux pas,
qu’il te garde sans relâche ! »

Les montagnes dans leur majesté peuvent ou pouvaient faire peur, nous le lisons, mais Dieu le créateur est celui qui garantit le secours, qui nous garde de faux pas.

Le peintre Giovanni Segantini s’est beaucoup intéressé aux montagnes, les a grimpées et peintes :

Segantini est né le 15 janvier 1858 en Autriche.
Son enfance était très difficile :
Tôt il perd sa maman, son père le place chez une de ses filles d’un premier mariage. La jeune fille, dépassée par ces évènements, ne voit aucune possibilité de s’occuper correctement du jeune Giovanni et par la suite il devient un être humain sans abri, sans famille, errant d’un lieu à l’autre, pauvre et solitaire.
Plus tard il est mis dans un orphelinat où un Curé découvre sa fantaisie et son don pour la peinture. Cela lui permet de développer son propre style et il commence de découvrir l’importance de la lumière comme porteur de l’espoir et de consolation.
Giovanni Segantini passe par plusieurs étapes et villes en Europe, longtemps il reste à Milan.
C’est un chercheur de lumière, je l’ai évoqué tout à l’heure. A Maloja dans l’Engadin où il passe les dernières années de sa vie, il est fasciné par les montagnes, la vie rurale et villageoise, les alpages. Il fabrique des œuvres monumentales, peintes en plein air.
Il grimpe les montagnes de plus en plus hautes, toujours à la recherche d’un maximum de lumière. Il peint les gens simples, des agriculteurs, éleveurs de bêtes, dont leur regard est baissé vers le sol. La nature qui les entoure est idéalisée.
Gravement malade, Giovanni Segantini monte une dernière fois vers sa cabane de montagne préférée -qui porte aujourd’hui son nom. Il meurt à l’âge de 41 ans. Ses dernières paroles : «  je voudrais voir mes montagnes ».
Je vous invite à contempler le tripticho  Werden (la vie, croître) –Sein (exister, se reposer) – Vergehen (la mort, s’évanouir). Segantini l’a peint l’été de sa mort, en plein air et c’est son œuvre la plus connue.


TABLEAU « WERDEN » GIOVANNI SEGANTINI
Une mère et son enfant se trouvant sur l’alpage. Les pieds de la maman sont enracinés dans la terre, un arbre suit son corps et se perd dans le ciel. C’est l’image pour la vie qui commence sur la terre, qui grandit (enfant, arbre) et finit dans le ciel.

 


TABLEAU « SEIN » GIOVANNI SEGANTINI
Nous voyons des gens et des animaux rentrant le soir. Les êtres vivants sont inclus dans le cercle de la vie. Le paysage est paisible, on ressent le calme de cet alpage. Les gens ne courent pas, mais marchent gentiment.
La moitié de l’image cependant montre le ciel. L’horizon est très bas, les pointes des montages semblent être proches. Et de nouveau il y a cette lumière au ciel qui couvre la scène de la vie quotidienne. Nos yeux sont attirés par le jaune, le bleu clairs et le blanc de ce ciel et de sa lumière dont le peintre avait tellement besoin.

 


TABELAU « VERGEHEN » GIOVANNI SEGANTINI
Nous voyons un paysage hivernal avec beaucoup de neige. Un cheval attend devant une maison où apparaît un cercueil. Le regard du spectateur est attiré par un immense nuage, peint en jaune clair, signe d’espoir. La vie est achevée et ouverte vers le ciel et sa lumière.

Ecoutons le beau cantique « Amazing grace » Quelle grâce !

Continuons dans le Psaume 121 pour lire combien Dieu nous protège jour et nuit :

« Lui qui garde Israël
sans le relâcher, sans dormir,
il te gardera,
il reste à tes côtés
comme une ombre protectrice.
Ainsi pendant le jour
le soleil ne te nuira pas,
ni la lune pendant la nuit.
Le Seigneur préservera ta vie,
il te garera de tout mal.
Oui, le Seigneur te gardera
de ton départ à ton arrivée,
dès maintenant et toujours ! »

Que Dieu vous bénisse                            Elisabeth Müller Renner