Méditation, mercredi 9 mars 2022

Il y a une semaine nous sommes entrés dans le temps du Carême, un temps qui a coïncidé cette année avec le début de la guerre en Ukraine.

Frère Alois, prieur de la communauté de Taizé, prononçait alors ces mots :

Nous sommes appelés à vivre ces quarante jours en communion avec celles et ceux qui, non seulement en Europe mais partout dans le monde, sont atteints par la violence. Sur la croix, le Christ a ouvert ses bras pour embrasser toute l’humanité. Une humanité trop souvent déchirée, et pourtant à jamais unie dans le cœur de Dieu.

Prière d’humilité (extrait de la liturgie « décennie Vaincre la violence »)

Me voici, Seigneur ; je dépose ma vie devant toi, pour te confesser mes fautes, te murmurer mes péchés, car je n’accepte pas la paix que tu me donnes et je me laisse aller à des pensées de violence : j’ai de la peine à pardonner aux autres. Si quelqu’un m’offense, je l’offense à mon tour. Je sème des mauvaises herbes plutôt que de bonnes graines.
Je t’en prie aujourd’hui, aie pitié de moi. Donne-moi la force et le courage de quitter l’obscurité de la violence pour marcher vers la lumière de ta paix.

Nous voici, Seigneur ; nous déposons nos vies devant toi, pour te confesser nos fautes, te murmurer nos péchés, car nous ne comprenons pas la paix que tu nous donnes et nous édifions des structures de violence : nous acceptons des systèmes politiques et sociaux qui oppriment les plus faibles. Et souvent nous nous taisons face à l’injustice.

Nous t’en prions aujourd’hui, aie pitié de notre société. Donne-nous la force et le courage de quitter l’obscurité de la violence pour marcher vers la lumière de ta paix.

Nous voici, Seigneur, en tant qu’Eglises ; nous déposons nos vies devant toi, pour te confesser nos fautes, te murmurer nos péchés, car nous ne mettons pas en pratique la paix que tu nous donnes : nous nous servons de ta parole pour justifier des attitudes qui engendrent l’exclusion. Nous n’osons pas transformer nos conflits pour grandir en sagesse et en maturité.

Nous t’en prions aujourd’hui, aie pitié de l’Eglise. Donne-nous la force et le courage de quitter l’obscurité de la violence pour marcher vers la lumière de ta paix. Amen.

A l’écoute de cet Agnus Dei, laissons le Christ nous rejoindre dans nos tristesses et nos souffrances, ouvrons nos cœurs pour accueillir sa paix.

Choral : Agnus dei qui tollis peccata mundi dona nobis pacem

Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde, prends pitié de nous : de Samuel Barber interprété par la Philharmonie slovène, dirigé par Jerica Bukovec.

Jean 14, 25-31 : “Je vous ai dit ces choses tandis que je demeurais auprès de vous; le Paraclet, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, vous enseignera toutes choses et vous fera ressouvenir de tout ce que je vous ai dit. Je vous laisse ma paix, je vous donne ma paix. Ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne. Que votre cœur cesse de se troubler et de craindre. Vous l’avez entendu, je vous l’ai dit : ‘Je m’en vais et je viens à vous.’

Méditation du frère prieur Aloys de Taizé

Extrait tiré de : https://www.lavie.fr/ma-vie/spiritualite/frere-alois-en-ukraine-le-mal-naura-pas-le-dernier-mot-81047.php

« En Ukraine, le mal n’aura pas le dernier mot »

Cette année, le temps du Carême commence alors que le continent européen est frappé par la guerre. Cette tragique actualité nous plonge en plein mystère du mal. Jésus lui-même en a fait l’expérience ultime en acceptant librement de perdre sa vie sur la croix : il est allé jusqu’au bout de la souffrance. Sur notre route vers Pâques, nous sommes soutenus par cette espérance : au-delà de la croix, par la résurrection du Christ, Dieu a ouvert pour toute l’humanité un chemin de vie.

Comment est-il possible que le feu des armes et des bombes déchire des peuples pourtant si proches l’un de l’autre à tant d’égards ? Tant de familles ont des leurs d’un côté et de l’autre de la frontière… Lors d’un pèlerinage en Russie, en Biélorussie et en Ukraine en 2015, avec un petit groupe de jeunes de divers pays, j’en ai été témoin en me rendant dans un hôpital de Kyiv auprès de soldats ukrainiens blessés au combat.

Avec nous, il y avait une jeune femme de Russie. Il y a quelques jours, au moment du déclenchement de la guerre, cette jeune Russe se souvenait de cette visite et partageait ce récit : « Quand je suis entrée dans l’hôpital, j’étais paralysée de peur et de honte. Au début, il m’était difficile de dire quoi que ce soit. Puis, je me suis mise à raconter qu’enfant, chaque été j’allais chez mon grand-père en Ukraine, que mon cousin était né en Ukraine. Alors les soldats ukrainiens ont commencé à changer, l’un d’eux a soudainement dit que sa femme était russe, puis un autre que ses parents vivaient en Russie … Et il est devenu clair qu’en fait nous étions très proches, que nous étions comme des frères et des sœurs. »

Prions pour que ces semences de partage et de communion ne soient pas arrachées par la folie de la guerre, mais qu’elles se révèlent à la longue plus fortes que la violence absurde. Il est presque trop tôt pour exprimer ce souhait, alors que chaque jour qui passe augmente le nombre des victimes et des blessés. Gardons pourtant, enracinée au plus profond de nos cœurs, cette espérance que le mal n’aura pas le dernier mot. (…)

Oui, pour vivre ce temps de Carême en solidarité avec celles et ceux qui souffrent de la guerre qui fait rage sur la terre d’Ukraine, portons dans notre prière les victimes et leurs familles dans le deuil, les blessés, celles et ceux qui ont dû fuir, celles et ceux qui auraient voulu le faire mais qui ne l’ont pas pu, et aussi tous ceux qui ont fait le choix de rester là où ils vivent.

Pensons aux personnes les plus fragiles, qui seront les premières à souffrir des conséquences du conflit armé, aux enfants éprouvés, aux jeunes qui ne voient pas d’avenir.

Dans notre prière, n’oublions pas de demander à l’Esprit Saint d’inspirer les dirigeants des peuples et tous ceux qui sont en mesure d’influer le cours des événements, pour que cesse au plus vite le feu des armes.

Prions pour que la guerre n’accroisse pas les divisions au sein des Églises et des familles, et que les responsables des Églises accompagnent tous ceux qui sont touchés par cette terrible épreuve. Et puisque toute vie humaine compte aux yeux de Dieu, pensons aux combattants de tous les pays impliqués, et aussi à leurs familles, par exemple à ces grand-mères qui voient leurs petits-fils partir au front, pour une guerre qu’ils n’ont ni choisie ni souhaitée. Peut-être, un jour, iront-elles jusque dans la rue pour le clamer…

Prière chantée par Rooted in Christ, un jeune trio ukrainien

Prière de frère Alois durant la veillée de prière du 26 février

Christ ressuscité, en nous tenant en silence devant toi, nous laissons monter cette ardente prière : que cesse le feu des armes sur la terre de l’Ukraine ! Accueille dans ton amour ceux qui meurent de la violence et de la guerre, console les familles dans le deuil, soutiens celles et ceux qui ont dû prendre le chemin de l’exode.

Donne-nous de nous tenir en solidarité aux côtés de celles et ceux qui souffrent, et qui vivent aujourd’hui dans la peur et l’angoisse. Soutiens l’espérance de tous ceux qui, dans cette région du monde tant aimée, cherchent à faire prévaloir la justice et la paix.

Envoie l’Esprit Saint, l’Esprit de paix, qu’il inspire les responsables des nations et tous les humains.

Confrontés à l’incompréhensible souffrance, nous croyons pourtant que tes paroles d’amour et de paix ne passeront jamais. Tu as donné ta vie sur la croix et tu nous as ouvert un avenir, même au-delà de la mort. Alors nous t’implorons : donne-nous ta paix. C’est toi, notre espérance.

Canon : Dona nobis pacem : donne-nous la paix – chœur en ligne formé de 170 personnes de tous pays – fait le 2 mars 2022 en solidarité avec l’Ukraine

Psaume d’Amérique latine (tiré de la liturgie « décennie Vaincre la Violence »)

Les habitants du monde d’aujourd’hui marchent sur le goudron des rues où règne la violence, mais le cœur des humbles est plus fort que les canons et les bombes.

La paix pour l’humanité ne viendra pas de l’extérieur, elle ne sera pas édifiée à coup d’armes atomiques et ne résultera pas d’accords entre les gouvernements.

La paix est présente au cœur de l’univers et tout est en marche vers la paix. Elle viendra comme une nouvelle aurore sur ce monde maltraité et fatigué.

Elle viendra des simples, des humbles, des pauvres de ce monde. Elle sera annoncée par les voix des enfants et la musique trépidante des jeunes.

Chant d’espoir ukrainien : Shchedryk (Carol the Bells) composé par Mykola Leontovych, arrangé par le compositeur slovène Tine Bec, interprété par le chœur Gimnazija Kranj . Chef de chœur : Erik Šmid

« Cela commence comme un profond deuil triste et continue de se renforcer, une voix unitaire, qui est plus forte que n’importe quel acier, n’importe quel arsenal et n’importe quelle balle, roquette ou trank grande russe. La musique est gagnante. Cela donne de l’espoir, nous unit d’une certaine manière, qu’aucune agression ne gagnera jamais. »

Bénédiction

Allons avec Jésus, lumière qui éclaire notre chemin. Que notre espérance soit de voir un jour se lever sur toute l’humanité le soleil de la justice. Que le Dieu de paix, notre compagnon fidèle, nous conduise sur les chemins de la solidarité et de l’espérance, et nous donne la joie d’être unis dans l’amour de Dieu.

Bénédiction chantée en ukrainien par Light Up Worship, Ukraine

Pour continuer cette méditation en musique :

Arvo Pärt: Da pacem interprété par l’ Estonian Philharmonic Chamber Choir, dir. Paul Hillier

Les Brenets, Karin Phildius, pasteure