Méditation 8 décembre 2020

Bonjour chers visiteuses et visiteurs de ce site. Nous voici bien entrés dans ce temps de l’Avent et Noël se profile à l’Horizon. Durant les temps troublés que nous traversons il est bon de pouvoir nous appuyer sur ces temps particuliers comme l’Avent et Noël. Ces temps nous indiquent une direction et peuvent nous servir de points de repères. Nous sommes invités à cheminer à partir de notre espérance chrétienne en un Dieu qui se fait l’un des nôtres tout en gardant les yeux tournés vers ce qui se passe sur notre terre. Bonne écoute, bonne lecture.

Ecoutons pour entrer dans l’Avent Alison Balsom et sa trompette. Allegro du concerto en ut majeur de J.S.Bach.

Prions.

Pour tous les enfants, partout dans le monde, afin qu’ils trouvent l’amour d’un père ou d’une mère pour les accueillir, prions.
(Silence)

Pour les enfants qui souffrent de la méchanceté des hommes, qui sont blessés par leur haine ou tués dans leurs guerres, afin qu’ils trouvent paix et joie auprès de Dieu, notre Père, prions.
(Silence)

Pour les enfants qui naissent infirmes, avec un corps difforme ou une intelligence crépusculaire, afin qu’ils trouvent la beauté du coeur auprès de Dieu, source de toute splendeur ; prions.
(Silence)

Pour les enfants qui ne sont ni désirés, ni aimés, afin qu’ils sachent que Dieu, leur Père, ne les aime comme personne ne peut les aimer sur la terre, prions.
(Silence)

Pour les enfants qui sont orphelins, afin qu’ils découvrent dans une famille qui les accueille l’amour de leur Père du ciel, prions.
(Silence)

Pour les enfants qui sont heureux, afin qu’ils apprennent à partager leur bonheur, prions.
(Silence)

Dieu notre Père, que ton amour veille sur tous les enfants du monde, qu’il les fasse grandir en grâce et en sagesse. Et nous-mêmes garde-nous dans l’esprit d’enfance et d’humilité, afin que nous puissions un jour entrer au Royaume. Nous te le demandons au nom de Jésus, qui est né pour nous, petit enfant à Bethlehem, et qui règne avec toi pour les siècles éternels. Amen.

Méditation. Marc 9. 33 à 37.

L’initiative pour des multinationales responsables qui a été rejeté le 29 novembre appelait avant tout à lutter contre les injustices commises notamment à l’égard des enfants. Il s’agissait de s’opposer à l’exploitation sans scrupules du travail des enfants dans des mines ou des usines dans le monde. Les productions des enfants se retrouvant ensuite sur nos étals en occident.

En cette période de l’Avent qui nous fait cheminer vers la lumière de Noël et le don de l’enfant Jésus, Christ Roi, il est bon de relire ce que la Bible dit des enfants. J’ai choisi l’évangile de Marc au chapitre 9 les versets 33 à 37 comme exemple.

Au début de ce passage les disciples se querellent pour savoir lequel d’entre eux est le plus grand. Nous ne connaissons pas le détail de cette querelle dont il cependant est facile d’imaginer la teneur. Ce que le passage nous dit en revanche c’est la réponse de Jésus à cette soif de pouvoir et de préséance exprimée par les disciples. Soif de pouvoir qui dans notre monde actuel se double d’une soif de profits et d’accumulation de richesses dont certaines multinationales essayent de se dédouaner sans arriver à être très crédibles.

Or cette réponse Jésus, comme souvent, la donne en énonçant d’abord un principe : « Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous ». v 35. Jésus n’élimine pas la primauté. Il sait bien que dans toute société humaine il faut des dirigeants et des administrés. Tout le monde n’accompli pas la même tâche sinon la société devient uniforme et ne fonctionne plus. Ceci n’est cependant pas une raison pour justifier que certains aient des salaires exorbitants et que d’autres par exemple des enfants gagent quelques cents par jour. Jésus sépare la fonction de la dignité de l’individu. Chaque individu est digne par lui-même indépendamment de ses œuvres auraient dit les Réformateurs.

Mais Jésus sait que les principes si bénéfiques soient-ils ne sont pas entendus ni écoutés. Alors Jésus met un enfant au milieu de leur cercle de discussion. Généralement on pense que Jésus met ainsi en avant l’humilité d’un enfant face à l’arrogance des adultes. Ou encore la simplicité de l’enfant face à la complexité des adultes. Pour ma part je ne le crois pas, car l’un des rêves des enfants c’est précisément de devenir grand. Jésus ici à mon avis insiste plutôt sur la capacité des enfants à accueillir et à recevoir. Il emploi 4 fois ce terme dans le dernier verset. Faisant ainsi écho au bien connu : « Quiconque n’accueille pas le royaume des cieux comme un enfant n’y entrera jamais ».

Or en Marc 9 .37 il n’est pas seulement question de recevoir comme un enfant mais de recevoir l’Enfant » Cet Enfant à recevoir, à accueillir est symbolique de l’accueil de Dieu lui-même.

Être disciples du Christ, de l’Enfant c’est d’abord recevoir, le recevoir et non pas donner ou lui donner. Recevoir cet Enfant c’est recevoir les trésors de valeurs qu’il apporte, qu’il donne. Ces valeurs sont bien ceux de la paix qui ne vient jamais sans justice, de la dignité, du respect et de l’amour noble aussi et surtout pour les enfants du monde entier.

Bon cheminement de l’Avant et joyeux Noël. Amen.

Et/ou un

Conte.  Deux enfants en chemin.

II était une fois deux enfants, une sœur et un frère. C’étaient des enfants très sages et obéissants. Ils en étaient presque un peu fiers. Ils aimaient bien jouer avec leurs camarades, mais encore plus entre eux deux. Un jour – c’était la veille de Noël – ils décidèrent de partir tout seuls fêter Noël au ciel, avec les anges et avec Jésus. Ils se mirent en route de bon matin, car ils pensaient bien que le chemin serait assez long. Ainsi ils marchèrent et marchèrent à travers les paysages, en direction du soleil levant.

Soudain ils entendirent au loin le grondement d’un torrent et se trouvèrent bientôt au bord d’un profond ravin longé de falaises vertigineuses. Prudemment ils s’approchèrent du bord. Comment faire pour traverser ? Alors ils aperçurent un pont, rectiligne comme une règle et tout aussi étroit, qui réunissait les deux bords. Oseraient-ils le traverser ? Cela parut de la folie.

Mais voilà : ce pont s’appelait « le pont du mensonge ». Celui qui n’avait jamais menti de sa vie pouvait l’emprunter sans danger. Les deux enfants se regardèrent et dirent d’un commun accord : « Nous n’avons jamais menti de notre vie, allons-y !» Un peu tremblants, ils s’y engagèrent, un pied devant l’autre, et encore un pied devant l’autre, et ainsi de suite, et ils gagnèrent le bord opposé.

Un peu fatigués, ils continuèrent leur route. Au bout d’un certain temps, ils entendirent de lointains rugissements. Malgré leur frayeur, ils avancèrent. Les rugissements enflèrent, cela ressemblait bien à des rugissements de lions, mais ils ne purent rien voir, car le paysage était sauvage : des fourrés et des buissons épineux s’étendaient à perte de vue. Brusquement, ils virent quelque chose de jaune doré bouger à travers les branches. Ils s’arrêtèrent net : c’étaient bien deux lions, un à droite et l’autre à gauche du sentier. Que faire ? Rebrousser chemin ?

Mais voilà : c’étaient « les lions bagarreurs, les lions de la colère ». Celui qui ne s’était jamais bagarré ni mis en colère contre quiconque pouvait passer sans être attaqué. Les deux enfants se regardèrent et dirent d’un commun accord : « Nous ne nous battons jamais et ne piquons jamais de colère, Allons-y. » Le cœur battant, ils avancèrent et, lentement, passèrent indemnes entre les deux lions qui ne bougèrent pas.

Encore un peu plus fatigués, ils continuèrent leur route. L’après-midi avançait. Le soleil avait passé le zénith depuis longtemps, Combien de temps encore jusqu’au ciel ? Alors qu’ils sortaient enfin des fourrés, le sentier semblait s’orienter vers un replat parsemé de bouleaux, reconnaissables à leurs troncs blancs. Les enfants espérèrent pouvoir se reposer un peu sous leurs fins branchages. Mais en s’approchant, que découvrirent-ils ? Un marécage, des trous gluants d’eau noire entre des îlots de boue flottante, plus trace de sentier. Impossible de s’y hasarder.

Mais voilà : ce marécage s’appelait « le passage de l’obéissance ». Celui qui n’avait jamais désobéi à ses parents ni à quiconque, pouvait s’y risquer. Les deux enfants se regardèrent et dirent d’un commun accord : « Nous n’avons jamais désobéi, nous pouvons poser nos pieds sur le marécage, allons-y ! » Et ils passèrent sains et saufs.

Arrivés de l’autre côté, ils regardèrent : le soleil baissait, l’horizon commençait à se mettre au rose, mais le sentier continuait et semblait enfin monter. « Dépêchons-nous de grimper » se dirent-ils, « il ne s’agit pas d’arriver en retard. » Ils s’engagèrent en hâtant le pas et, à la tombée de la nuit, un peu essoufflés, ils se trouvèrent devant l’immense portail du ciel. Un silence absolu régnait. Les enfants s’étaient attendus à entendre de la musique, des répétitions de chants de Noël, certes atténuées par l’épaisseur de la porte, mais quand même.

Alors, timidement, ils frappèrent au portail. Rien ne bougeait. Ils frappèrent plus fort et encore plus décidés et encore plus fort. Enfin ils entendirent des pas lourds, un peu traînants, s’approcher de l’intérieur. Et le portail s’ouvrit un peu grinçant, l’espace d’une fente. La tête barbue de Saint Pierre apparut et il dévisagea les enfants d’un air étonné : « Que voulez-vous, les petits ? », « On est venu pour fêter Noël au ciel ce soir » dirent-ils avec une certaine assurance. « Ah ! » dit-il, en se lissant la barbe, « Mais voyons, le soir de Noël tout le ciel, Jésus et tous les anges descendent sur la terre. II n’y a personne ici. Ils sont tous descendus pour fêter Noël avec les hommes, avec tous les hommes, toutes les femmes, tous les enfants, filles et garçons, sages ou méchants. Ici le ciel est vide. »

Et il referma la porte.

Quand tous les repères sont bousculés, les temps comme celui de l’Avent et de Noël peuvent être comme des jalons sur notre chemin. Ces jalons sont intérieurs et personnels. Une chose est certaine, le Dieu dont parle la Bible se fait solidaire de notre humanité. Il ne le proclame pas seulement, il se fait l’un des nôtres. En Jésus, il nous rejoint. C’est dans les difficultés et le malheur que l’on reconnait les vrais amis. Prenez bien soin de vous. Joyeux temps de l’Avent et joyeux Noël.

Ecoutons : « Jesus bleibet meine Freude » de J.S.Bach BWV 147

Bénédiction : Dieu vous bénisse et vous garde sur tous vos chemins, des plus aplanit aux plus caillouteux. Réjouissez-vous de sa présence. Amen.

Pasteur Thierry Muhlbach.