« J’ai gagné ! »
A toi qui lis régulièrement les méditations ou qui nous rejoins pour la première fois, j’ai le plaisir de te souhaiter la bienvenue et une excellente journée
Photo Sandrine Matthey, Chasseral, novembre 2020
Prière pour ce matin
Seigneur, comme tous les matins, je remets ce jour entre tes mains.
Quelle joie de se réveiller et de contempler tes merveilles. Quelle joie de se dire « j’ai encore une belle journée à construire, avec l’autre, mon prochain.
Peu importe le temps qu’il fait ; dans mon cœur, il fait toujours beau car tu me donnes la force d’avancer, de remporter la course en vue de recevoir la couronne de vie. Amen
Moment musical
What a wonderful world, Louis Armstrong
Humeur du jour
« J’ai gagné ! » dit celui qui, depuis trois semaines, tente à démontrer qu’il est vainqueur et que les autres sont des tricheurs.
Je me suis réveillée le mercredi 4 novembre avec la gueule de bois.
« Il va gagner, cet a…. Pas possible que des millions d’Américains aient encore l’envie de confier les rênes du pouvoir à un mégalomane, qui ment, qui ne respecte rien ni personne et qui a un porte-feuille à la place du coeur ! »
Aujourd’hui, les chiffres ont parlé mais il continue à répéter comme un mantra « I won ». Piètre témoignage donné au monde, et surtout aux jeunes générations, par un homme qui refuse la défaite et oublie une valeur toute simple enseignée dans les clubs de jeux et de sport : le fair play.
Depuis quelques temps, le livre de Théo Buss « Justice au cœur » est un de mes livres de chevet. En voici un extrait : « Les Etats-Unis bâtis sur un génocide … un pays fondé par des Blancs qui ont massacré quelque 90% des Natives Indians (plus de 5 millions de personnes) (1). «
L’aristocratie blanche était férocement attachée à ses privilèges et mobilisée contre toute revendication des esclaves…» (2).
C’était donc ça le rêve américain dont me parlait mon père ? Lui qui était fan des films de cow-boys, des héros du Far West comme Buffalo Bill.
L’Amérique, un paradis, selon lui, où tout est possible pour les Blancs, où tout est permis pourvu que ça rapporte, au mépris des populations indigènes et de la nature.
L’Amérique, le grand moralisateur du monde façon Walt Disney et « La petite maison dans la prairie ».
Mon enfance a été bercée par la musique country et le jazz, par les films de John Wayne, héros au grand cœur qui sauvait la jeune blanche, captive des méchants indiens. J’ai grandi avec une certaine idée de l’Amérique dont les soldats nous avaient courageusement délivrés de l’occupant allemand.
L’Europe d’après-guerre, fascinée par le Way of live américain, est, à son tour, entrée dans l’ère de l’industrialisation et la surconsommation à tous crins avec les conséquences que nous connaissons.
Je te pardonne, papa, je n’y étais, moi, à la libération en 1945. Tu étais si fier de cette photo où tu es assis sur l’une de leurs motos. Tu avais 7 ans !
Je te revois aussi rentrant d’un voyage à Dallas et arborant fièrement un Stetson texan.
Aujourd’hui, je me rends compte que j’ai été « formatée», comme toute ma génération en Belgique, conditionnée à penser « made in America ».
Si tu étais encore parmi nous en 2020, qu’aurais-tu pensé de l’Amérique de Trump ?
God bless America !
Musique
Dance with the wolves, John Dunbar theme, John Barry
Lectures bibliques
1 Corinthiens 9, 24 à 27
Vous savez bien que, dans les courses du stade, tous les coureurs prennent le départ, mais un seul gagne le prix. Alors, vous, courez de manière à l’emporter. Tous les athlètes à l’entraînement s’imposent une discipline sévère ; ils le font pour gagner une couronne de laurier qui va se faner, et nous, pour une couronne qui ne se fane pas.
C’est pourquoi je cours les yeux fixés sur le but; si je fais de la lutte, ce n’est pas en frappant dans le vide. Mais je traite durement mon corps, et je le maîtrise sévèrement, pour ne pas être moi-même disqualifié après avoir annoncé aux autres la Bonne Nouvelle.
1 Timothée 6,12
Combats le bon combat de la foi, saisis la vie éternelle, à laquelle tu as été appelé, et pour laquelle tu as fait une belle confession en présence d’un grand nombre de témoins.
Philippiens 3 :14
Je cours vers le but, pour remporter le prix de la vocation céleste de Dieu en Jésus-Christ.
Méditation :
« J’ai gagné » ou plus exactement « Nous avons gagné », c’est ce que j’espère de tout mon cœur à l’issue de la votation du 29 novembre 2020.
Certains reprochent aux Églises de prendre des positions en politique.
L’Initiative pour des Multinationales responsables en est un exemple, et j’en suis très heureuse.
Nous vivons dans le monde et non hors du monde, c’est donc notre devoir de prendre la parole pour dénoncer quand les droits humains sont bafoués, quand la nature est menacée. Tout l’Évangile nous y invite.
Combattre le bon combat de la foi, c’est ma façon d’interpréter la recommandation de l’apôtre Paul à son ami Timothée et de témoigner de mon attachement à la parole de Dieu. C’est ce qui me met en mouvement le matin, je cours vers le but pour gagner, pour remporter le prix, non par vanité mais pour que soit manifestée la Gloire de Dieu. Et je ne cours pas seule, c’est le propre de l’Église. Nous, chrétiens, courons ensemble avec l’objectif de permettre à nos contemporains de vivre dignement.
Car, il s’agit bien d’un combat, avec armes et stratégies à déployer. Chaque parti affûte ses arguments pour vaincre l’adversaire. Mais, comme dans toutes les courses, au final, il n’y a qu’un seul vainqueur.
Églises pour IMR bénéficie de l’apport d’un homme de cœur, le théologien Pierre Bühler. Ce professeur met à disposition de l’initiative sa réflexion éthique et théologique et ne compte pas ses heures. Je le vois comme le coureur du stade dont parle Paul, qui court avec l’espérance de remporter le prix et de recevoir une couronne qui ne se fanera jamais. (Le coureur grec recevait alors une couronne faite d’aiguilles de pin ou de céléri sauvage). Paul connaît le caractère éphémère de cette récompense. « Il n’encourage pas ses lecteurs à chausser leurs baskets pour plaire à Dieu mais il rappelle que le véritable prix est bien spirituel » (4) : la couronne de vie.
Aux Corinthiens, Paul explique qu’il n’y a pas de victoire sans astreindre son corps à une ascèse, en utilisant la métaphore du sportif qui se plie à un entraînement quotidien.
Beaucoup de chrétiens, et de non-chrétiens bien sûr, dépensent une énergie incroyable pour que le « OUI » l’emporte le dimanche 29 novembre. C’est dans ce but commun que des centaines d’associations, de PME, ont apporté leur soutien au comité des initiants.
Aujourd’hui, avec l’initiative pour des Multinationales responsables, les Églises sortent de leurs nefs poussiéreuses et s’unissent pour une cause juste. En soi, c’est déjà une victoire. Amen
Photo Christine Phébade Yana Bekima, Marathon de Paris 2017
Bénédiction:
Sur ton Eglise entière, Seigneur, veille chaque jour
Bénis chacune et chacun
Celles et ceux qui souffrent, victimes de maltraitance
Celles et ceux qui courent et qui luttent pour un monde plus juste
Et qu’au bout de la course, nous puissions dire « J’ai gagné ! »
Quand, passant la ligne d’arrivée, Tu poseras sur notre tête
La couronne de vie. Amen
Morceau final
Je cours vers le but, Jeunesse en mission
Christine Phébade Yana Bekima
Bibliographie
(1) Justice au cœur, Théo Buss, Ed. de l’Aire, Vevey, 2020, p.256
(2) Plus jamais esclaves, Aline Helg, Ed. La Découverte, p. 329
(3) Justice au cœur, id. p.257
(4) Maîtriser son corps pour ne pas être disqualifié, Luc Bulundwe et Hanna Woodhead, revue Lire et dire, janv 2020, p.28 et suiv.