Méditation 5 mai 2020

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Il y avait une époque- vous savez bien – ou tout cela n’était pas encore possible. Où les gens utilisaient d’autres moyens de communications : Le Cor des alpes par exemple.
Jusqu’au 19ème siècle c’est l’instrument des vachers. Ils en ont besoin pour appeler les vaches dispersées afin qu’elles rentrent dans l’étable au moment de les traire. Souvent des troncs de pins sont le matériel pour leur fabrication. Le cor des alpes sert aussi de moyen de communication entre les différents alpages ou avec les gens restés dans la vallée. Jouer du cor des Alpes le soir est un thème traditionnel dans l’art : son jeu sert également de prière et a eu ainsi une signification religieuse.

Son jeu s’ajoute alors à une longue tradition de prières que nous pouvons lire dans la Bible et que des hommes et des femmes avaient prononcées. Prier au moyen de la musique a une longue tradition. Dans notre Psautier par exemple il a y un chant qui commence par les paroles : oh, Dieu sois dans mes oreilles et dans ma façon d’écouter. Et le Psaume 96 dit :

« Chantez à l’Eternel un chant nouveau, car il a réalisé des merveilles, par son savoir-faire et son pouvoir divin.
A la face du monde le Seigneur a montré qu’il était le Sauveur, il a révélé sa loyauté :
Il n’a pas oublié d’être bon et fidèle. »    versets 1-3a

Le son du Cor des alpes nous touche dans notre fort intérieur, dans notre âme et moins dans notre intellect. Il nous aide à nous recueillir, à nous concentrer sur une seule chose : à la relation avec Dieu.
Une paroissienne m’a raconté un évènement touchant : elle a participé à un culte sur un alpage où justement des Cors des Alpes accompagnaient la cérémonie. Comme le culte avait lieu en Suisse allemande, la paroissienne ne comprenait pas un mot de la prédication ou des prières. « C’était le plus beau culte que j’ai jamais vécu » c’est ainsi qu’elle s’exprimait. Le son du Cor des Alpes lui suffisait pour entrer complètement dans la relation avec Dieu. Une prière sans paroles, mais qui touche notre âme en profondeur. La prière dans toutes ses formes est notre réponse à ce Dieu que Jésus appelle « Abba, Père ». Sans doute il exprime par là une confiance profonde en Dieu qui nous entend et qui nous voit. Cela ne veut pas dire qu’il nous observe d’en haut, non plus qu’il remplisse tous nos désirs, mais plutôt qu’il nous porte et nous accompagne quoi qu’il nous arrive. Il nous accompagne à travers notre vie et nos souffrances et nous garde dans tout ce qui nous arrive. Ce n’est pas un hasard que jouer du Cor des Alpes le soir a eu la signification de prière. Quand – après une journée ensoleillée – le soir tombe et la lumière du crépuscule fait changer le paysage, quand le bruit disparaît peu à peu et les premières étoiles commencent à briller, un monde différent se révèle, un monde qui est caché pendant la journée. Je pense dans ce contexte particulièrement à Jacob, fuyant son frère Esaü, après s’être approprié la bénédiction promise à ce dernier. Jacob, épuisé, s’installe pour la nuit dans un lieu désert. Et là il fit un rêve : une échelle est dressée de la terre au ciel et des anges y montent et y descendent et au sommet se trouve Dieu. Le fond du monde et de l’existence se dévoilent. Cette histoire parle de l’expérience bouleversante d’un être humain qui est touché par la réalité de Dieu. Et Jacob reçoit la bénédiction et devient celui qu’il a toujours été : fils de Dieu. Notre histoire nous parle encore d’une autre chose : de l’arrière fond du monde et de l’existence. Elle parle du sens de la vie. Quel est ce sens de la vie ? Il y a une réponse qui est valable pour tout le monde : le sens de la vie consiste finalement à être témoin de la réalité de Dieu. Nous, les êtres humains sont les mots, avec lesquels Dieu raconte son histoire. Je pense maintenant à la figure d’Etty Hillesum, une jeune Hollandaise d’origine juive qui mourra à Auschwitz.

Initialement éloignée de Dieu, elle le découvre en regardant en profondeur à l’intérieur d’elle même et elle écrit : un puits très profond est en moi. Et Dieu est dans ce puits. Parfois il y a des pierres et du sable qui le recouvrent, alors je dois à nouveau le déterrer. Dans sa vie inquiète et dispersée, Etty Hillesum retrouve Dieu au beau milieu de la grande tragédie du 20 ème siècle, la Shoah. Cette jeune fille fragile se transforme en une femme pleine d’amour et de paix intérieure, capable d’affirmer : Je vis constamment en intimité avec Dieu …

… et vous invite maintenant à écouter/chanter le grand « Te Deum » de l’Eglise ancienne au numéro 41/26 :

« Que Dieu vous bénisse »

Elisabeth Müller Renner, pasteure